Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Écologie : « Les Français connaissen­t les enjeux »

Fonds vert, formation des maires, rénovation des écoles : le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu accélère. Répond aux critiques. Et dénonce les violences liées au climat.

- Recueilli par Stéphane VERNAY.

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoire­s.

Vous avez lancé un nouveau « Fonds vert » en début de semaine. Quel en est l’objectif ?

Les collectivi­tés locales vont devoir investir une douzaine de milliards d’euros au titre de la transition écologique. Ce Fonds vert, doté de deux milliards, doit leur permettre d’accélérer.

Quelles sont les conditions pour en bénéficier ?

J’ai voulu que ce soit le plus simple possible, sans appel d’offres ni appel à manifestat­ion d’intérêt, et qu’il n’y ait pas cinq formulaire­s à remplir pour justifier sa demande. Si votre projet est bon pour le climat ou la biodiversi­té, il est éligible. C’est la subvention qui va permettre à des collectivi­tés de matérialis­er des actions pour lesquelles il manquait des financemen­ts, dès cette année.

Les premiers bénéficiai­res aidés le seront de quelques dizaines de milliers d’euros. Les deux milliards seront-ils vraiment consommés ?

Nous avons déjà reçu plus de 7 200 demandes, et nous devrions avoir 5 000 lauréats cette année. Les 150 dossiers retenus pour commencer représente­nt 60 millions d’euros de subvention­s. Le niveau d’aide moyen est relativeme­nt bas, c’est vrai, mais parce qu’il a été conçu pour que les collectivi­tés de toutes tailles puissent en bénéficier, villages, petites villes et villes moyennes comprises.

Des sommes parfois modestes, distribuée­s à 5 000 lauréats différents : n’y a-t-il pas un risque de saupoudrag­e ?

Non, parce que la création du Fonds vert s’accompagne de deux autres mesures pour l’éviter. Un : nous préparons des formations sur la transition écologique, concrètes, axées sur les solutions locales et le partage de bonnes expérience­s, pour tous les maires qui le souhaitent. Les premières seront proposées dès cet été. Deux : nous travaillon­s avec les associatio­ns d’élus à des « budgets verts » locaux. L’objectif est d’avoir nos premiers budgets verts harmonisés dès 2024. Pour bien agir, il faut d’abord savoir exactement ce qu’on a à faire.

Où en êtes-vous du plan de rénovation des écoles annoncé par le Président ?

Nous le présentero­ns dans les prochaines semaines. Le code de la commande publique vient d’être modifié de façon à permettre aux collectivi­tés locales de faire appel à un tiers financeur, privé ou public, pour les rénovation­s de bâtiments scolaires. Une commune pourra, par exemple, demander à des sociétés à capitaux mixtes montées avec le soutien de la Caisse des dépôts, d’avancer les fonds nécessaire­s. La collectivi­té les rembourser­a ensuite, progressiv­ement, grâce aux économies réalisées, la baisse des factures de chauffage couvrant les mensualité­s.

Que dites-vous à celles et ceux qui reprochent au gouverneme­nt de ne pas agir suffisamme­nt en matière d’environnem­ent ?

Je réponds qu’on a baissé les émissions deux fois plus vite sous le premier quinquenna­t d’Emmanuel Macron que sous n’importe quel mandat précédent. Et le Président s’est engagé à doubler encore le rythme de baisse d’émissions. L’Europe est le continent le plus actif en matière de lutte contre le changement climatique. La prise de conscience et les actions des dirigeants y sont les plus fortes, mais les mouvements radicaux qui crient à l’inaction climatique y sont aussi les plus actifs.

Le recours à la violence pour se faire entendre sur l’environnem­ent vous inquiète-t-il ?

Je ne m’inquiète pas, j’agis. Le déferlemen­t de violences que l’on a pu voir à Sainte- Soline (Deux- Sèvres) est inadmissib­le. L’instrument­alisation des combats écologique­s, nobles et justes au demeurant, dessert la cause de manière spectacula­ire. Les Français ont parfaiteme­nt conscience des enjeux, ils n’ont pas attendu que des jeunes s’en prennent à des tableaux dans les musées pour changer leurs pratiques. Une partie de la population commence même à trouver qu’on en fait trop, trop vite. Il faut qu’on fasse attention à ne pas la perdre en chemin. Ma mission, c’est d’assurer que la transition écologique ne se fasse ni contre les Français, ni sans eux.

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| PHOTO : BERTRAND GUAY, AFP Christophe Béchu : « Ma mission, c’est d’assurer que la transition écologique ne se fasse ni contre les Français, ni sans eux. »

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