Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
« L’art numérique attire de nouveaux collectionneurs »
Le Musée national d’art moderne vient d’acquérir dix- huit oeuvres numériques comme le CryptoPunk de Larva Labs. Elles sont exposées jusqu’au 22 janvier 2024.
« Il y a deux ou trois ans, au moment du boom médiatique et spéculatif, on a eu l’impression que l’art numérique venait d’être inventé, affirme Philippe Bettinelli, conservateur de la collection avec Marcella Lista. Or, il remonte aux années 1960. Mais ces dernières années, des évolutions technologiques importantes lui ont apporté un regain de visibilité et suscité un enthousiasme inédit du marché. »
Les oeuvres basés sur la technologie NFT (1) entretiennent « un lien très fort avec l’art conceptuel et des pratiques artistiques critiques du monde économique », assure le conservateur. Des communautés se créent autour des artistes, avec des échanges directs en ligne. « Des personnes plus familières du numérique que de la galerie se sont mis à collectionner de l’art. »
La collection des CryptoPunks est l’une des collections NFT les plus populaires au monde. « Leur côté très pop plaît. Ils sont très efficaces visuellement. Et techniquement, ils ont été précurseurs, jouant un rôle très important dans ce qui est devenu le standard des NFT. Tout un public très jeune y est très sensible », note Marcella Lista.
Le Centre Pompidou dispose de l’une des trois grandes collections d’art moderne à travers le monde, rappelle la conservatrice. « Nous n’aurions pas les moyens d’acquérir les oeuvres au tarif où elles sont actuellement, mais certains artistes nous en font don, dans l’idée qu’elles entretiennent un rapport avec l’histoire de l’art des XXe et XXIe siècles. » (1) Les NFT (Non Fungible Token : jeton non fongible) sont basés sur la même technologie que les cryptomonnaies mais ne sont pas interchangeables. L’authenticité d’une oeuvre NFT est garantie par son identité numérique : l’équivalent du certificat d’authenticité pour une oeuvre « classique » comme une peinture.