Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« Toute ma vie, je resterai à l’affût pour faire sortir la vérité »

- A.B.

« C’était une cérémonie toute simple, très sobre, polie et respectueu­se. C’était un hommage aux marins disparus dans le naufrage. Il n’a pas été question d’autre chose ». Ce sont les premiers mots de Michel Douce, armateur du Bugaled Breizh, quelques instants après sa sortie de l’arsenal de Brest (Finistère). Depuis le début de l’affaire, l’armateur, les familles des cinq victimes et bon nombre de marins sont certains que c’est un sous-marin qui a coulé ce navire. Une thèse jamais confirmée par la justice.

L’épave du bateau, coulé en 2004, sera bientôt déconstrui­te, 19 ans après le drame qui a coûté la vie à Yves Gloaguen, Georges Lemétayer, Pascal Le Floch, Patrick Gloaguen et Éric Guillamet. Avant que le bateau ne disparaiss­e, le parquet général de Rennes, chargé du dossier, a organisé un temps de recueillem­ent.

« On était une vingtaine de proches des gars »

Entré dans l’arsenal par la porte Tourville, Michel Douce raconte avoir été accueilli par les militaires, puis emmené jusqu’au pied de l’épave, en compagnie de membre des familles de

victimes. « On était une vingtaine de proches des gars. C’était émouvant, forcément. C’est un représenta­nt de la justice qui a pris la parole pour l’hommage. Et puis il y a eu un temps de silence, de recueillem­ent. »

Très vite après la cérémonie de Brest, l’armateur a rejoint Loctudy, son port d’attache, et celui de son bateau naufragé. Il est allé à la stèle des péris en mer, où une plaque honore la mémoire des cinq marins. En accord avec les familles, il y a déposé une gerbe de fleurs mauves et jaunes, « offerte par un anonyme » pour l’hommage.

Le Bugaled Breizh, c’est Michel Douce qui l’avait fait construire en 1987. Il a passé des semaines entières à son bord, avant le naufrage. Plus de trente- cinq après, l’heure de la déconstruc­tion est arrivée : « Je savais que ce jour arriverait, l’épave n’allait pas rester chez les militaires pour toujours… Le Bugaled Breizh va partir en même temps que d’autres bateaux qui faisaient le même travail, ceux qui partent avec le plan de sortie de flotte. C’est dans l’air du temps de démolir les bateaux… Ça fait toujours mal au coeur », lâche le Bigouden. Il se dit « solidaire des marins-pêcheurs qui traversent une crise, car ils ont toujours été solidaires avec nous dans ce dossier ».

Si c’est « une page qui se tourne », rien ne sera jamais réellement terminé pour Michel Douce : « Jusqu’au bout de ma vie, je resterai à l’affût du moindre petit truc qui pourra faire sortir la vérité. Je ne lâcherai jamais », prévient-il.

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Michel Douce, à la stèle des péris en mer de Loctudy, avec une gerbe de fleurs offerte par une personne anonyme pour la cérémonie qui s’est déroulée à Brest.

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