Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Malicorne-sur- Sarthe, royaume de la faïence et des métiers d’art
Célèbre pour ses faïenceries, Malicorne-sur- Sarthe accueille céramistes, tourneurs sur bois, peintres sur porcelaine dans ses jolies petites rues.
En l’an mil, un individu hors du commun domine la Touraine, le fameux comte d’Anjou Foulque III Nerra, le Faucon noir, un des plus grands seigneurs féodaux de son époque. Il passe le plus clair de son temps à combattre ses voisins.
Son redoutable sens de la stratégie l’amène vite à construire sur tous ses domaines forteresses et châteaux. D’autres suivent son exemple. Ainsi le seigneur de Chaource qui fait édifier au début du XIIe siècle le château fortifié de Malicorne.
Le but premier de sa construction est de surveiller la Vallée de la Sarthe et la navigation sur le fleuve. La forteresse sert alors à protéger le territoire angevin. Durant la guerre de Cent ans, elle est occupée par les Anglais puis reprise par Ambroise de Loré, compagnon de Jeanne d’Arc.
Pendant six siècles, le château se transmettra à plusieurs grandes familles : les Chaources jusqu’en 1609, les Beaumanoir de Lavardin jusqu’en 1703. En 1792, alors que les La Châtre en sont propriétaires, le château est mis aux enchères et racheté par Antoine de Choiseul Praslin qui le reconstruit. L’actuelle demeure voit le jour sur les ruines de l’ancienne bâtisse médiévale. Elle ouvre à présent chaque été ses portes aux visiteurs.
Le royaume de la faïence
Mais le village, labellisé « Ville et Métiers d’Art », doit sa renommée à un artisanat tout particulier, celui des faïences. Tout commence en 1747, quand Jean Loiseau, un faïencier originaire de Touraine, s’installe, établissant son atelier dans une ancienne auberge « Le Plat d’Étain ».
Terre riche en argile, abondance de bois pour les fours de cuisson et proximité du port de commerce sur la rivière, Malicorne offre tous les atouts pour l’implantation de sa manufacture qui deviendra au début du XXe siècle la « Faïencerie Bourg- Joly Malicorne ». Jean Loiseau engage quelques ouvriers originaires de la région et fait venir des peintres et des tourneurs.
À côté d’une production réservée à l’usage domestique, les fours de Jean Loiseau éditent rapidement des objets plus raffinés, notamment des décors qui s’inspirent des modèles classiques des faïenceries françaises de Nevers, Rouen ou Quimper. Le succès incite les artisans à s’établir dans la jolie ville sarthoise. Dès la fin du XVIIIe siècle, une nouvelle faïencerie est fondée à Malicorne par Guillaume Rabigot, ancien ouvrier de Jean Loiseau.
En 1835 enfin, une troisième voit le jour dans l’ancien prieuré du village, tout au bord de la rivière. Ces diverses fabriques fournissent surtout leur clientèle en produits d’usages courants et quotidiens.
C’est en 1924 pour qu’Émile Tessier invente la technique rare et délicate de l’ajourage qui deviendra la spécialité de Malicorne. Une fois tournée, la pièce d’argile crue est découpée à l’aide d’une lame pointue afin de créer de fines ouvertures rappelant le travail des dentellières.
Une technique qui apporte légèreté et élégance aux assiettes, coupes et corbeilles à fruits et fait l’originalité des faïences qui naissent dans les ateliers de la ville.
Deux manufactures existent encore aujourd’hui : les « Faïenceries d’Art de Malicorne » et la « Bourg Joly Malicorne ». La cité possède aussi son Musée de la faïence et de la céramique et accueille également céramistes, tourneurs sur bois, peintres sur porcelaine dont les ateliers sont à découvrir dans les rues du bourg.