Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Au pied du mur, Rennes doit contre-attaquer
Désormais 6e et virtuellement non- européen en fin de saison, le Stade Rennais se retrouve dans la position du chasseur dans la course à l’Europe, derrière des Lillois battus à Angers hier.
Le staff rennais avait déjà multiplié les descentes dans la salle des leviers en 2023. Une nouvelle visite s’est visiblement imposée après Lens. Après la fébrilité défensive ou le manque de caractère, c’est cette fois le secteur (in)offensif qui a été pointé du doigt. Ce n’est pas une nouveauté, puisque Rennes n’a marqué que 18 buts sur les 16 matches ayant suivi la blessure de Martin Terrier. Mais c’est encore plus criant depuis mars, où les Rouge et Noir viennent de boucler trois de leurs quatre dernières rencontres (Marseille, Auxerre et Lens) sans marquer. Une bizarrerie pour une équipe et un entraîneur qui s’offraient toutes sortes de records offensifs depuis un an et demi.
Au- delà des chiffres, Rennes a rarement paru aussi impuissant que samedi dernier face aux Nordistes (0-1). À tel point que Bruno Genesio en a ouvertement fait son chantier prioritaire, sans même être lancé sur le sujet en conférence de presse : « Ce qui m’interroge, c’est qu’on a gagné en solidité mais qu’on se crée beaucoup moins d’occasions, admet-il. C’est surtout là- dessus que j’ai insisté cette semaine, et je pense que ça part déjà des intentions de jeu : ce n’est pas si vieux, parce que ça date de deux ou trois mois, ou même certains matches encore plus récents comme Paris, il faut qu’on arrive à retrouver ces intentions de jeu et cette espèce de liberté mentale pour retrouver ces mouvements et ce jeu combiné. »
Un pressing à la perte… à regagner
On pouvait penser que l’approche plus prudente aperçue ces derniers temps était volontaire, puisqu’elle a au moins stoppé l’hémorragie que subissait la défense rennaise. Cette volonté n’est peut- être pas si assumée que cela, voire en réalité soumise à la contrainte. Au plus fort de la tempête, Genesio avait déjà clamé son refus de renier son ADN. À l’écouter, on devrait retrouver à Lyon un SRFC conquérant, au moins pour ce qui est du pressing haut dans le camp adverse : « On a essentiellement travaillé sur ça cette semaine et j’ai vu des choses plutôt rassurantes », renchérit- il. C’était l’une des bases de cette machine à buts de la saison dernière.
« Je pense qu’avec la fragilisation des résultats depuis le mois de janvier, on a eu la volonté d’être peutêtre un peu plus recroquevillés, de moins chercher nos adversaires, de défendre beaucoup moins en avançant que ce qu’on faisait avant, poursuit l’entraîneur des Rouge et Noir. Je pense que c’est un vrai problème d’état d’esprit, de volonté. Par le passé, on le faisait parfois de manière pas super organisée, mais on avait une telle énergie et une telle volonté de le faire ensemble qu’on récupérait quand même le ballon. »
L’adversaire paraît propice pour le faire, un OL dont on s’interroge forcément sur la motivation après son élimination en demi-finale de Coupe de France à Nantes, mercredi. D’autant plus que le discours, deux jours plus tard, de son coach Laurent Blanc n’est pas des plus mobilisateurs, alors que les Gones sont à huit points de la 5e place et de la Coupe d’Europe : « La fin de saison nous appartient. À nous de faire en sorte qu’elle soit positive. On se doit de la finir en professionnels. Ce sera compliqué (de finir 5e), il ne faut pas se voiler la face. Mais ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on va galvauder les matches. J’espère qu’il n’y aura pas de souci à ce niveau- là. Je ne demande rien d’exceptionnel, mais qu’on soit professionnels et concentrés sur notre sujet. »
La démobilisation, c’est ce que l’on pouvait craindre du côté d’Angers. Mais la victoire de la lanterne rouge contre Lille hier (1- 0) change beaucoup de choses dans la course à l’Europe, et le Stade Rennais en a forcément pris bonne note puisqu’il peut reprendre sa 5e place seulement une semaine plus tard. À condition d’être plus à l’aise dans la position du chasseur que du chassé.