Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La première d’Hervé Renard décryptée
France - Colombie : 5-2. Le sélectionneur a su réagir à la mi-temps d’une rencontre mal embarquée, vendredi, en faisant les bons changements et des choix forts.
C’est une première qu’Hervé Renard pourra difficilement oublier. Le nouveau sélectionneur de l’équipe de France féminine a vécu un match riche en rebondissements contre la Colombie (5-2), vendredi. L’émotion, palpable chez lui au moment de La Marseillaise, a vite laissé place au visage du coach. « C’est quelque chose de spécial. Merci à ceux qui m’ont fait confiance. J’ai le sentiment qu’on peut vivre quelque chose de fabuleux ensemble », a- t- il sobrement commenté au micro de W9 à l’issue de la rencontre, avant d’analyser rapidement le match de son équipe.
Parce qu’il y aura des choses à corriger lors des prochaines sorties des Bleues. Défensivement, notamment, puisque les Françaises ont, pour la cinquième fois en sept rencontres, craqué et pris des buts. La Colombie a su trouver la faille deux fois sur des phases de coups de pied arrêtés. De quoi légèrement agacer Hervé Renard.
« Je ne vais pas les traumatiser d’entrée »
« Il faut de la solidité, de la rigueur, beaucoup plus d’agressivité, a commenté le Savoyard. On a beaucoup de temps pour travailler, mais on ne peut pas se comporter comme ça contre certaines des meilleures équipes mondiales. On a des choses à rectifier donc ce sont de bons enseignements. » Réputé pour avoir les coups de gueule facile, Renard a confié ne pas avoir haussé le ton à la mi-temps du match malgré la prestation moyenne de ses joueuses.
« Je vais commencer tranquillement, je ne vais pas les traumatiser d’entrée, a- t-il souri. Je savais qu’on allait revenir, qu’on avait cette capacité. J’ai été un peu surpris par ce deuxième but, mais le plus important, c’est la réaction, cela forge le groupe. » Pour sa première composition, il avait décidé de faire confiance aux revenantes : Eugénie Le Sommer, plus appelée depuis le 13 avril 2021, et Amel Majri, qui n’avait plus porté le maillot bleu depuis le 21 septembre 2021. Autre choix : la titularisation de Selma Bacha sur le côté gauche de la défense.
Sur les rares opportunités françaises du premier acte, ce sont ces trois joueuses-là qui se sont le plus distinguées. La connexion Majri – Le Sommer, très juste dans ses choix, aurait même pu permettre aux Bleues d’ouvrir le score, à la 21e minute. Malgré ça, le jeu de l’équipe de France manquait de liant et de justesse technique. Surtout, les côtés de l’attaque tricolore, confiés à Baltimore et Asseyi, ne créaient pas ou peu de différence. « Quand on se glisse dans l’entonnoir contre une équipe athlétique, c’est difficile », analysait Renard.
Une réaction gagnante à la mi-temps
À la pause, il a donc tout changé et fait entrer les taulières : Geyoro au milieu (à la place de Majri), Cascarino et Matéo sur les côtés. « Les changements à la mi-temps, ce n’était pas une sanction, c’était pour redresser le tir, confiait l’entraîneur. J’avais prévu trois changements mais pas ceux- là. Il fallait changer quelque chose. » Et tout de suite, l’équipe de France a eu la mainmise sur la rencontre. Geyoro, sereine sur ses prises de balles, permettait aux Bleues d’être plus tranquilles. Par la suite, le talent de Cascarino, Matéo et Le Sommer a suffi pour faire sauter le verrou sud-américain.
Les Colombiennes, qui n’avaient perdu qu’une rencontre sur les quinze dernières (contre le Brésil, en finale de la Copa America) n’ont rien pu faire face aux vagues bleues. Et Hervé Renard de conclure : « À partir du moment où on rectifie, on se remet dans le droit chemin […] Tout ne sera pas parfait, je le sais, on n’est pas des magiciens. »