Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Couple oui, mais chacun chez soi

- Mélissa BOUFIGI.

choses se passent « plutôt bien » dans cette « tribu » recomposée qui compte cinq enfants, âgés de 10 à 21 ans. Mais peu à peu, le fragile équilibre se rompt. « Il n’y avait rien qui allait, manger proprement, ça n’allait pas, mettre les chaussons, ça n’allait pas… Le vendredi soir, avant l’arrivée du week- end, j’avais des petites montées d’angoisse », se souvient Karine.

« Moi, j’étais en porte- à- faux entre des personnes que j’aime énormément, Karine et mes enfants », expose Franck, qui évoque aussi une difficulté à trouver sa place chez sa compagne. « C’était une maison qu’elle avait construite avec son ex- mari, dans laquelle mes enfants partageaie­nt une chambre à trois alors que les filles de Karine avaient leur propre chambre, j’ai eu du mal à l’accepter. »

« On a plaisir à être seul, à penser à soi »

Au bout de trois ans, après un énième conflit de retour de vacances, c’est l’heure de la mise au point. « C’était soit on se séparait, soit on prenait la décision de ne plus habiter ensemble. » En un mois et demi, Franck trouve une maison pour lui et ses trois enfants, toujours dans les Landes, plus près du domicile de son ex- femme, ce qui permet aux enfants de faire moins de route et de continuer leurs activités extrascola­ires. « On leur a expliqué qu’on trouvait que la vie tous ensemble était compliquée, et qu’on essayait de trouver une solution pour rester une famille recomposée mais à distance, retrace Franck. Ça s’est fait presque naturellem­ent. »

Ce qui n’a pas forcément été simple à faire entendre à leurs proches. « Ce n’est pas un schéma classique, il y a eu beaucoup d’incompréhe­nsion, rapporte Franck. Vous vous séparez ? Mais pourquoi ? À cause de qui ? C’était la chasse aux sorcières… » « Et j’étais la sorcière… » soupire Karine.

Mais au final, la situation choisie par défaut est celle qui convient le mieux au couple. « Il y a des jours où je sens qu’on va se prendre le bec, ou on a envie d’être seul, eh bien je rentre chez moi, c’est une issue de secours, constate Franck. On a plaisir à se retrouver mais on a aussi plaisir à être seuls, à penser à soi, à nos enfants respectifs. »

Le quotidien aussi a gagné en légèreté et aujourd’hui, les relations au sein de la famille recomposée sont à l’apaisement. Deux des enfants sont adultes et indépendan­ts. Franck continue d’accueillir son fils de 10 ans les week- ends et la moitié des vacances scolaires, mais a obtenu la garde principale de sa fille de 15 ans. Ils ont emménagé à 800 m de chez Karine.

« Évidemment, on a deux loyers, deux frigos, deux machines à laver, énumère Karine. Multiplier les frais fixes par deux, ça peut paraître aberrant, mais on fait des sacrifices ailleurs, sur les restos, les fringues. C’est un coût, mais c’est le coût de notre bonheur. » (1) Les prénoms ont été changés.

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| PHOTO : MAXIME LE CLANCHE POUR OUEST-FRANCE de leur côté.

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