Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« Mon fils a refusé les gants d’Hugo Lloris… »

Rencontre. Dany Boon est un enfant du Nord, partagé entre le Losc et le RC Lens. Il remonte le fil de sa jeunesse entre les stades, les bassins de natation et les routes d’Armentière­s.

- Recueilli par Mathéo GIRARD.

Vous êtes né à Armentière­s, dans le nord de la France. On est un peu obligé de vous demander qui vous supportez, entre Lille et Lens ?

(Il éclate de rire) Non, non, oh non ! C’est horrible ! Dans Bienvenue chez les Ch’tis, j’ai mis le RC Lens, les Sang et Or. Et les gens de Lille m’en ont voulu un peu, en me disant que le Losc, c’était plus près d’Armentière­s que Lens. Lille, c’est le 5.9 et Lens c’est le 6.2. Aujourd’hui, je vais plus à Lille qu’à Lens. Il faudrait que je retourne à Bollaert. À l’époque, j’y allais avec mon pote Dominique Pizzi, qui n’est plus là aujourd’hui. On était invités par Gervais Martel, en général. C’était une ambiance de dingue. Il y a ce truc, des chants ch’tis. C’est très fort.

On a quand même l’impression que vous avez du mal à trancher entre les deux…

Comment choisir entre mon père et ma mère ? C’est un peu ça, finalement.

« On s’entraînait les mains dans le dos… »

Votre père a été boxeur dans la catégorie des mi-lourds. Vous a-t-il transmis la « fibre du sportif » ? Non, parce que quand je suis arrivé, il ne boxait plus depuis un moment. Il avait des grosses arcades mais n’avait plus d’arête de nez. C’était un peu le jeu quand on était gamin. On appuyait et ça s’écrasait (il mime le geste avec son pouce et son index). Le souvenir de mon père comme boxeur, c’est ça. Il ne faisait plus tellement de sport d’ailleurs. Il tenait son potager, et moi avec lui.

Vous avez commencé par le foot ? Je n’ai fait du foot que deux ans, en poussin A et poussin B. Ma mère m’y a enlevé parce qu’on n’avait pas le droit de jouer en survêtemen­t. Elle m’a humilié devant mes potes et le coach, à l’entraîneme­nt, alors que j’adorais ça. Elle m’a vu rentrer congelé du truc et m’a dit : « Pourquoi t’es en short ? » On était obligé. Elle est allée le voir et lui a dit : « Pourquoi mon gamin il est pô en survêtemen­t ? ». « M’dame, le foot, c’est en short ou c’est pô du foot ». « Eh ben, il viendra plus ». J’étais mort de honte. Et j’ai basculé vers la natation.

Vous avez été un nageur de bon niveau…

J’étais licencié au Sports ouvriers armentiéro­is, le SOA, pendant dix ans. On était en orange. Les entraîneme­nts, c’était 10 bornes par semaine. C’était très, très dur. On s’entraînait les mains attachées dans le dos, les pieds attachés. Il y avait une super ambiance. On allait faire des compétitio­ns un peu partout. J’ai nagé contre Stéphan Caron (médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Séoul 1988 et Barcelone 1992). Il était champion de France. Il m’a mis une demi-longueur au 100 m crawl. Je nage très bien, j’adore ça encore aujourd’hui, surtout l’été dans la mer. Je peux faire entre 1,5 et 2 km par jour.

Vous êtes aussi fan de cyclisme ?

Il y a trois sports que j’adore : la natation, le golf et le vélo. J’ai fait, pour l’associatio­n Mécénat Chirurgie Cardiaque, une étape du Tour de France : Bergerac – Périgueux, un contrela-montre, il y a plusieurs années (en 2014). On partait avant les coureurs, j’étais dans la roue de Bernard Hinault. Mon père regardait beaucoup le vélo. Dans le Nord, c’est très important. La natation et le vélo sont bons pour le coeur. Le mien est très lent, donc je récupère vite. J’ai besoin de rouler, de nager. Je ne suis pas bien quand je ne fais pas de sport.

Est-ce qu’à une époque, le fait d’être pro dans un sport a été un rêve pour vous ?

En natation, non, j’avais les oreilles trop décollées et dans l’eau, ça freinait (rires). Au club, on se moquait de moi pour ça. Plus sérieuseme­nt, j’étais conscient de mon niveau correct mais pas exceptionn­el. Dans le foot, j’aurais bien aimé. Comme beaucoup, comme mes enfants, d’ailleurs. C’est extraordin­aire.

Vous êtes un adepte du sport à la télévision ?

On ne peut pas tricher. On vit des moments d’émotion qui sont dingues. Quand je vois Federer, qui est un immense sportif, gagner et prendre son père dans ses bras… Moi, ça me cueille. Au cinéma, c’est très dur à retranscri­re. Quand un sportif s’est battu, se donne à fond, est allé au bout de ses forces pour gagner, on a de l’empathie pour lui. On vit l’événement avec lui, j’adore. Récemment, j’ai suivi la victoire de Van der Poel sur Paris – Roubaix et le Masters de golf d’Augusta. Et ce soir (mercredi soir), je vais regarder le match. C’est Real Madrid – Chelsea, c’est ça ?

« Pendant six mois, je faisais 100 pompes par jour »

Il paraît que votre fils a refusé la paire de gants d’Hugo Lloris ?

Mon fils Eytan connaît tout sur le foot. Je l’avais emmené voir France - Jamaïque à Lille (victoire 8- 0 des Bleus). Je connais Didier Deschamps et on a été invité dans les vestiaires après le match. Il était comme un dingue. Hugo Lloris, qui est adorable, discute avec lui et lui offre ses gants. Mon fils n’en veut pas. Je le prends à part et lui demande pourquoi. Il me dit que sinon, il n’en aura plus pour jouer le prochain match. Tout le monde se marre et il a pris les gants. C’est une anecdote très mignonne.

Les métiers d’acteur et de réalisateu­r sont très chronophag­es. Trouvez-vous le temps de faire encore du sport ?

Avec la promo, c’est deux ou trois fois par semaine de séances de vélo en salle. Dès que je peux, je vais dans un club de sport, nager. Je prends mon Gravel et je pars rouler dans la forêt. Pour être acteur, il faut avoir une condition physique importante. Toute la période du tournage est une course de fond. On se bat contre le temps, pour obtenir ce qu’on veut. C’est une bonne manière d’évacuer le stress et la nervosité.

Dans le film Raid Dingue, vous jouez le rôle d’un officier surentraîn­é du Raid. Comment vous êtesvous préparé ?

C’était une grosse préparatio­n physique et alimentair­e avec Fred Mompo (plusieurs fois champion du monde de bodybuildi­ng et ancien Mr Univers). Pendant six mois, je faisais 100 pompes par jour. Mon alimentati­on était très stricte. Je devais m’imposer six ou sept repas par jour, avec beaucoup de protéines. Je mangeais beaucoup d’omelettes de blancs d’oeuf. Il n’y avait plus de sucre du tout. J’étais tellement sevré que quand je mangeais une pomme verte, je trouvais ça trop sucré. Au bout de six mois, mes abdos sont sortis. Je ne les avais pas vus depuis longtemps (rires).

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| PHOTO : MATHIEU PATTIER / OUEST FRANCE Dany Boon est à l’affiche de « La vie pour de vrai ».
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