Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« Juste dire merci, on n’est rien sans les autres »

Dans son dernier récit, Mon pays dans le ciel, Jean-Michel Le Boulanger, président du festival littéraire Étonnants voyageurs, se livre à un exercice de gratitude envers ceux qui l’ont construit.

- Loïc TISSOT.

Sur l’île de Groix (Morbihan), où il aime prendre une semaine de vacances, Jean-Michel Le Boulanger pose un regard sur les rochers, face à la mer. Un regard vers le ciel, – Mon pays dans le ciel comme le nom de son dernier récit – et hop, il a tout ce qu’il aime, « la beauté du monde » dans cette Bretagne qu’il choie.

En 2021, à peine retraité de la 1re vice-présidence de la Région Bretagne, il prend les rênes du festival Étonnants voyageurs, dont la prochaine édition aura lieu du 27 au 29 mai, à Saint-Malo (Ille- et-Vilaine). Emboîtant ainsi le pas à Michel Le Bris, décédé la même année. Un homme à la personnali­té complexe, gargantues­que, « d’une immense générosité dans l’action. Il était un titan avec ses fragilités. On porte notre enfance en nous. »

Ainsi, Michel Le Bris apparaît dans le dernier écrit de Jean- Michel Le Boulanger. Comme tous ceux qui l’ont construit. Mon pays dans le ciel, suivi de Stèles, c’est d’abord un exercice de gratitude : « Juste dire merci, on n’est rien sur les autres. »

Cette Bretagne intime

Est- ce le fait d’être devenu récemment grand-père, ce qui donne envie de faire le point sur « ces rencontres qui naissent du hasard et fondent les chemins » ? Des hasards que l’on appelle parfois Providence. À 67 ans, l’écrivain, essayiste, féru de sport, a eu le temps de croiser du monde.

Les rencontres peuvent être fortuites, lors d’un enterremen­t, où il se retrouvera épaule contre épaule avec « Xavier Grall » et d’une bousculade, échangeant ce seul mot avec le barde : « Pardon ». Anecdote croustilla­nte

Elles peuvent être construite­s sur le temps long. Et changer des vies : « Pour évoquer le sujet du port-musée de Douarnenez, je demande alors audience auprès du secrétaire d’État à la mer d’alors, Jean-Yves Le Drian, à qui je dois beaucoup. Il ne peut pas m’accueillir. C’est son conseiller, François Chappé, à la forte trempe, qui me reçoit. Tous ses autres rendez-vous sont annulés ce jour. On prend alors le temps de se connaître et de sympathise­r. Ce sera ma plus belle aventure intellectu­elle. Tous ces hasards vont m’amener vingt ans de ma vie à l’université de Lorient. »

Des visages, des figures, on en croise tant et tant, de l’homme politique Jean Peuziat au libraire éditeur Bernard Guillemot ; du journalist­e Michel Bescond à Neil Young, qu’il écoute tous les jours. Mais l’admiration, avec un grand A, elle est pour les écrivains, Louis Guilloux en premier lieu. L’auteur briochin du Sang noir, qu’il n’a pas connu, a ce talent « exceptionn­el pour ne jamais surligner et tout dire ».

En 295 pages, Jean-Michel Le Boulanger nous raconte une Histoire de la Bretagne, sa Bretagne intime peuplée d’hommes et de femmes empreints de mystère, de fêlure, d’humanité. Et gast, que cette fraternité fait du bien… .

Mon pays dans le ciel, suivi de Stèles, par Jean-Michel Le Boulanger (éditions Goater, 295 pages, 16 €).

 ?? | PHOTO : DAVID ADEMAS / OUEST-FRANCEE ?? Jean-Michel Le Boulanger : « Je crois en une France moins verticale, moins centralisé­e ». Il explique ici sa fidélité aux maisons d’édition bretonnes qui le publient, comme Goater pour son dernier récit.
| PHOTO : DAVID ADEMAS / OUEST-FRANCEE Jean-Michel Le Boulanger : « Je crois en une France moins verticale, moins centralisé­e ». Il explique ici sa fidélité aux maisons d’édition bretonnes qui le publient, comme Goater pour son dernier récit.

Newspapers in French

Newspapers from France