Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Les druides ont créé leur assemblée à Guingamp
Le moment d’histoire. C’est à Guingamp qu’a eu lieu, en 1900, l’assemblée constitutive de la Fraternité des bardes de petite Bretagne. Une plaque commémorative en témoigne
Mais pourquoi Guingamp et à cet endroit ? Quels étaient les liens entre la ville et le druidisme ? Pour en parler, qui mieux que Mona Bras, intarissable sur le sujet et ce à double titre, historique et druidique. Présidente des Amis du patrimoine de Guingamp, elle est druidesse depuis 1985 et autrice de l’ouvrage Les Secrets d’une druidesse, paru le 6 avril aux éditions Robert Laffont.
La plaque est apposée au- dessus du balcon du n° 16 de la rue des Salles, anciennement route de Callac, mais c’est en fait sur le mur de maison voisine, au n° 14, qu’elle aurait dû être placée. Car c’est bien là, le 1er septembre 1900, dans l’auberge de la Veuve Le Falc’her, qu’a eu lieu la première assemblée constitutive de la Fraternité des bardes de petite Bretagne, qui perdure aujourd’hui sous le nom de Gorsedd bretonne, Gorsedd signifiant assemblée.
Un héritage toujours bien vivant
« Le choix de Guingamp pour la tenue de cette réunion est le fait d’Yves Rio, député maire de la Ville, explique Mona Bras. Car en 1899, Yves Rio était membre de la délégation de Bretons qui se rendit à Cardiff pour assister à la célébration druidique – l’Eisteffod – du Pays de Galles. Lors de cet évènement, les Gallois invitèrent les Bretons à créer leur propre assemblée. » Et c’est ainsi, qu’à l’auberge de la Veuve Falc’her entra en fonction le premier grand druide de Bretagne, Jean Le Fustec, de son nom bardique Yann ab Gwilherm, puis Lemenik.
Constituée désormais en association loi 1901 et présidée par l’actuel grand druide Per-Vari Kerloc’h, la Gorsedd bretonne a une vocation philosophique, culturelle et cultuelle. « Nous avons huit cérémonies par an, dont l’une est ouverte au public.
Il s’agit de la Gorsedd Digor qui se tient durant l’été. Et c’est justement à l’occasion de cette cérémonie, qui avait été organisée au château des Salles, à Guingamp, en 1976 - année des célébrations des 1 000 ans de la fondation de la ville - qu’a été posée la plaque », rappelle Mona Bras. Dans sa thèse de doctorat sur Les druides, société initiatique contemporaine, Michel Raoult , a traduit l’inscription qui figure sur la plaque, en dessous du signe du tribann : « La vérité face au monde ! Ici chez la veuve Falc’her, au 1er septembre 1900, pour servir d’exemple, le Gorsedd de bardes de l’île de la Grande- Bretagne, il a été levé l’assemblée des bardes de la presqu’île de Bretagne pour conserver vivants et le pays et le breton. »
Un héritage qui reste effectivement bien vivant comme en témoigne la druidesse guingampaise. « Nous sommes une centaine aujourd’hui et nos membres représentent la diversité de la société bretonne : ouvriers, entrepreneurs, musiciens écrivains, militants syndicalistes… » Ce lundi 1er mai, les druides, barbes et ovates célébreront le début de la saison claire lors de la fête Beltan, à Arzano (Finistère). Et la prochaine Gorseed Digor aura lieu dimanche 16 juillet, à Crac’h, près d’Auray (Morbihan).