Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Portrait àsuspense d’une jeunesse américaine dorée

Thriller. Ils n’ont pas 20 ans et vivent à Los Angeles dans les années 1980. Bret Easton Ellis dresse le portrait d’une époque et d’un milieu où tout semble permis… Même d’ignorer qu’un tueur en série sévit.

- Matthieu MARIN.

Los Angeles, début des années 1980. Ici, les jeunes de 17 ans conduisent des bolides de luxe sur Mulholland Drive. Livrés à eux-mêmes, ils boivent, sniffent de la cocaïne, avalent des pilules de Valium. Dans les fêtes au bord de la piscine, ils croisent Jack Nicholson et autres stars d’Hollywood.

L’Américain Bret Easton Ellis aime décrire une certaine jeunesse de son pays. Celle des grandes écoles privées, baignée de luxe, insouciant­e et insolente. Un brin dépravée, un poil dépressive. Une démarche presque sociologiq­ue, que l’on pourrait sans doute comparer à celle du Français Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018. Sauf que l’univers décrit est diamétrale­ment opposé.

Ambiance glaçante

L’auteur d’American Psycho mélange ici autobiogra­phie et fiction. C’est la dernière année à Buckley. Le rythme nonchalant et bien installé de la petite bande d’amis est bouleversé par l’arrivée de Robert Mallory. Bret le soupçonne vite d’être le tueur en série qui sévit depuis quelques mois dans la ville. Rien que cela.

Il y a déjà quatre morts. À chaque fois, une mise en scène terrible. Le domicile des futures victimes est visité, les meubles sont mystérieus­ement déplacés. Un étudiant de la bande va lui aussi y passer. Mais à l’école, toujours personne pour se sentir concerné. Entre devoirs, virées et orgies, les ados sont complèteme­nt absorbés par ce cercle très autocentré. Bret, lui, est terrorisé. Terribleme­nt angoissé. Est-il paranoïaqu­e ou éclairé par la lucidité ?

Drogue, sexe… Certaines scènes sont crues. Le jeune Bret explore son homosexual­ité, encore non assumée. Le style manque parfois un peu de rythme mais le suspense est là de bout en bout.

L’ambiance est glaçante. L’auteur dresse le tableau minutieux et réaliste d’une jeunesse et d’une époque hors normes. Dans un contexte très, très angoissant.

Les éclats, Robert Laffont, 616 pages, 26 €.

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Une plongée dans le Los Angeles des années 1980, avec Bret Easton Ellis.
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| PHOTO : GETTY IMAGES/ YEARBOOK PHOTO

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