Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« À l’avenir, laissons les choses se faire »

Transat Paprec (dimanche) à Concarneau. Vue comme une nécessité, la mixité des équipages a été imposée cette année par l’organisati­on. Une vision globalemen­t partagée par les skippeuses.

- Jérémy PROUX.

Surtout, ne lui dites pas que les jeunes skippeuses souffrirai­ent d’une carence de témérité. Contre ce genre de constat qu’elle juge erroné, Violette Dorange peut à tout moment dégainer une carte de visite faisant foi.

À 21 ans, la Rochelaise, Finistérie­nne d’adoption (elle s’entraîne à Portla-Forêt), dispose déjà de quelques temps de passage frôlant la précocité. Une première traversée de la Manche à 15 ans à bord d’un Optimist, un statut de plus jeune participan­te de l’Histoire de la Mini-Transat et de la Solitaire du Figaro en 2019… Et surtout, un projet « bien avancé, même s’il a pris un peu de retard », visant à devenir la plus jeune participan­te au Vendée Globe en 2024. Elle aura alors 22 ans. Plus pressée, tu meurs !

« Cela révèle des profils ! »

De l’explosion de la pratique féminine de la course au large, elle en est à la fois l’une des héritières (en 1994, deux duos féminins détonnaien­t déjà au départ), l’un des moteurs et l’un des symboles. « Même s’il reste toujours quelques combats à mener. Moi, je n’ai jamais subi de remarques déplacées, glisse la protégée de Jeanne Grégoire et Jean Le Cam, au pôle Finistère Course au large. Je pense que les skippers masculins de notre génération ont compris cela. Moi, je l’assume : on est moins physique que les Golgoths sur les manoeuvres. Mais à bord, les femmes peuvent faire plein de différence­s. Sur le sommeil, par exemple… »

Pour autant, un constat s’impose : avec seulement 11 équipages au départ de Concarneau, dimanche, la nouvelle mouture de la Transat Paprec, avec la mixité des équipages imposée, demande encore à s’implanter. « Le concept de mixité a peut- être freiné plusieurs équipages. Des non-mixtes doivent rester à quai. Finalement, c’est une épreuve longue, avec 20 jours en mer, tout cela à un coût », justifie Violette Dorange, rejointe par Jeanne Grégoire, la directrice du pôle Finistère Course au large : « ll y a déjà des vocations fortes chez les filles. On le voit avec la Plastimo Lorient 6,50 qui a vu la participat­ion de 80 équipages mixtes. » Une petite révolution !

Face à l’émancipati­on de l’engagement féminin, y compris sur la course au large, l’imposition de la mixité est-il une nécessité pérenne ou forcément temporaire ? « À l’origine, je n’y étais pas vraiment favorable mais je pense que c’est nécessaire, comme les quotas en politique », salue Jeanne Grégoire.

« C’est une question que l’on nous a posée pas mal de fois, cligne Violette Dorange, associée à Basile Bourgnon sur la Transat Paprec. L’avantage, c’est que cela révèle des profils, un peu à l’image du trophée CMB (qui offre un budget de fonctionne­ment et un Figaro III), désormais ouvert aux filles. J’en ai d’ailleurs profité en finissant deuxième. Imposer la mixité, c’est bien pour lancer le concept. Mais à l’avenir, sur le moyen terme, peut- être qu’il faudra laisser les choses se faire plus naturellem­ent… »

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| PHOTO : DR Violette Dorange en duo avec Basile Bourgnon, sur la Transat Paprec

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