Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Une fête royalement kitsch et punk
Ce midi, c’est quiche. Au risque de faire tarte, Sa Majesté a mis un point d’honneur à faire de son couronnement un modèle de prétendue sobriété. Après avoir servi de l’aubergine bio sauce yaourt à ses prestigieux invités hier, Charles III suggère une quiche aux épinards aux milliers de Britanniques qu’il convie – façon de parler, entenDons- nous… – à un « Big Lunch » (grand déjeuner), ce dimanche, dans tout le royaume.
Qu’importe qu’il pleuve « des chats et des chiens », comme on dit dans ce pays. Il pourrait tomber des républicains que les loyalistes d’Irlande du Nord, ardents partisans de la Couronne, sortiraient leur BBQ… Eux n’ont pas attendu le couronnement pour pousser l’idolâtrie du royaume jusqu’à peindre leurs trottoirs aux couleurs de l’Union Jack, le drapeau britannique.
Les rasoirs Charles…
Voilà qui donnerait des envies d’exil au dépité Karl Fitzpatrick, 37 ans, vendeur de drapeaux british dans la bouillonnante rue piétonne Pilgrim, à Newcastle, dans le nord- est de l’Angleterre. Sur son stand, il y a quelques jours, ce n’était pas le rush. « C’est l’effet Charles, analyse
Karl. Ça ne vaut pas la reine. »
C’était tellement mieux avant, que les tasses de thé, petites cuillères faussement dorées et autres objets kitsch à l’effigie de feu la reine continuent de s’arracher. Les calculettes surchauffent jusqu’à faire miroiter la dilapidation de plus de 275 millions d’euros en souvenirs, mugs, nappes et autres mini- fanions « spécial cupcakes ».Un indispensable pour tout adulateur de royauté qui se respecte.
Charles n’est tout de même pas en reste. Son sourire un tantinet figé trône en bonne place sur des pyjamas, des torchons… voire des rasoirs. L’idée ferait marrer le vendeur de farces et attrapes de Perth, en Écosse. L’air de rien, le trublion a déposé en vitrine une paire d’oreilles en silicone. Géantes et décollées. No comment.
La palme du détournement revient aux employés du supermarché Tesco, où le pince- sans- rire politologue James Mitchell, prof à la très sérieuse université d’Édimbourg, a coutume de faire ses emplettes : « Les vendeurs ont placardé les affiches de l’enseigne appelant à « célébrer le couronnement » sur... le stock de papier toilette ! »
So punk.