Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La liberté de la presse menacée dans le monde
En 2022, au moins 66 journalistes ont été tués, 363 sont actuellement en prison, s’alarme l’Association mondiale des journaux (Wan-Ifra). « La liberté des médias est remise en cause dans le monde entier, observe-t- elle. Les menaces contre les médias se multiplient avec des méthodes conçues pour réduire au silence et intimider la presse, ciblant les journalistes, faisant pression sur l’indépendance éditoriale… »
Les Nations unies tirent aussi la sonnette d’alarme : « Les journalistes […] sont directement pris pour cibles en ligne et hors ligne tandis qu’ils accomplissent leur travail d’une importance vitale. Ils sont régulièrement harcelés, intimidés, faits prisonniers et maintenus en détention », déclarait Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, le 3 mai, pour la Journée de la liberté de la presse.
L’impunité laisse libre cours à la violence des gangs et des tyrans. Ils ne veulent surtout pas que soient mis au jour leurs crimes ni la misère qu’ils exploitent ni l’ampleur de la corruption dont ils vivent. Les journalistes sont donc leurs cibles. La Chine est « la plus grande prison de journalistes du monde », dit Reporters sans frontières. En Russie, la plupart des journalistes ont dû fuir. Ceux qui restent sont menacés à chaque instant. En Biélorussie, trois journalistes viennent d’être condamnés dont deux à 19 et 20 ans de prison, a rapporté Le Monde.
Cet acharnement contre les journalistes prouve l’importance de leur travail et leur courage célébré le 3 mai : « Notre liberté dépend entièrement de la liberté de la presse. Elle est le fondement même de la démocratie et de la justice, rappelait Antonio Guterres. Grâce à elle, nous disposons de tous les faits dont nous avons besoin pour façonner notre opinion et dire la vérité aux détenteurs du pouvoir. La liberté de la presse est vitale pour les droits humains. Mais aux quatre coins du monde, elle est attaquée. »
De plus, fragilisés économiquement par la révolution numérique et bouleversés par l’intelligence artificielle, les médias d’information évoluent au milieu d’une « avalanche d’informations erronées, de propagande, de polémique et d’appâts à clics qui submergent aujourd’hui notre écosystème d’information, noyant souvent le journalisme crédible et accélérant le déclin de la confiance dans la société », expliquait AG Sulzberger, éditeur du New York Times. « La différence s’estompe entre le vrai et le faux, le réel et l’artificiel, les faits et les artefacts, mettant en péril le droit à l’information… », souligne de son côté Reporters sans frontières.
Or, « sans journalistes pour fournir des informations sur lesquelles les gens peuvent compter, je crains que nous continuions à assister à l’effritement des liens civiques, à l’érosion des normes démocratiques et à l’affaiblissement de la confiance dans les institutions et entre les personnes qui est si essentielle à l’ordre mondial », alerte AG Sulzberger.
Démocratie et liberté de la presse sont liées, elles exigent plus que jamais la vigilance et l’engagement des citoyens.