Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Les Pyrénées- Orientales face au manque d’eau

La majeure partie des Pyrénées- Orientales basculera en crise « sécheresse », mercredi. Le ministre de l’Agricultur­e a annoncé des indemnisat­ions pour les récoltes déjà perdues, faute d’être irriguées.

- Christelle GUIBERT.

Les Pyrénées- Orientales subissent la pire sécheresse qu’ait jamais connue ce départemen­t méditerran­éen depuis 1959, début des relevés de Météo France. Les niveaux d’eau sont au plus bas. Les fleuves côtiers la Têt et l’Agly sont presque à sec, les barrages en amont, aussi. Il a manqué de neige cet hiver, de pluies au printemps.

Les ministres se bousculent dans ce haut lieu du réchauffem­ent climatique, décrit dans les rapports des experts climat du Giec. Après Christophe Béchu pour l’environnem­ent, le 27 avril, le ministre de l’Agricultur­e Marc Fesneau avait rendez-vous avec des agriculteu­rs, samedi.

À Espira- de-l’Agly, le producteur d’abricots Guy Banyuls lui a montré des fruits à la peau déjà ridée, sans chair : « Ceux- ci ne grossiront plus ; la récolte est fichue. » Sans irrigation, les pertes de 2024 sont certaines et certains arbres pourraient ne pas survivre, craignent les agriculteu­rs.

Lors des premières réunions sur le partage de l’eau, le mois dernier, les agriculteu­rs ont tout fait pour éviter que le préfet Rodrigue Furcy prenne un arrêté de crise. Mais le préfet, en poste depuis août 2022, ne pouvait ignorer ce qui remontait de ses services, sur le terrain : « Il n’y aura pas suffisamme­nt d’eau pour tous les usages cet été, les quantités disponible­s sont très faibles et des décisions difficiles inévitable­s. »

L’arrêté de crise a été pris le 28 avril, il entrera en vigueur ce mercredi 10 mai. Les prélèvemen­ts d’eau pour l’agricultur­e seront interdits totalement ou partiellem­ent selon les secteurs. Samedi, le ministre Fesneau a promis des indemnisat­ions, basées « sur ce qu’aurait dû être la production ». De quoi calmer un peu les colères, alors que les arbitrages sont difficiles.

Les pompiers sont aussi en manque d’eau. Les abricots sont sacrifiés afin de laisser le lac de Vinça, en aval, à un niveau suffisant – il est critique – pour que les Canadairs puissent s’y ravitaille­r. Plusieurs villages n’ont déjà plus d’eau au robinet ; les parcs de loisirs s’inquiètent pour leurs jeux aquatiques ; les petites piscines démontable­s sont interdites.

« La situation est inédite et catastroph­ique, il faut que les conscience­s s’éveillent et qu’on adopte vite la sobriété », a réagi Magali Trilla, responsabl­e du Service des barrages des Pyrénées- Orientales. « Gérer cette crise » ne suffira pas non plus pour les environnem­entalistes qui dénoncent des canaux d’irrigation mal entretenus et des captages d’eau sauvages. « Il faut du courage politique pour s’adapter », confirme Agnès Langevine, vice- présidente de la région Occitanie. Pour l’instant, un seul maire, celui d’Elne, a interdit la constructi­on de piscines en dur, dans ce départemen­t à sec.

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| PHOTO : RAYMOND ROIG, AFP Le producteur d’abricots Guy Banyuls montre le lit vide de l’Agly, le fleuve côtier des Pyrénées-Orientales au ministre de l’Agricultur­e, Marc Fesneau, samedi.

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