Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

La porcelaine de Limoges bientôt mieux protégée

Le Conseil et le Parlement européens ont conclu un accord sur la protection géographiq­ue des produits artisanaux et industriel­s. Une bonne nouvelle pour les porcelaini­ers de Limoges.

- Lola DUFEU.

« C’est un signal très positif ! » lance Michel Bernardaud, président du directoire de la manufactur­e du même nom, qui fabrique de la porcelaine à Limoges depuis 1863. Mercredi, le Conseil et le Parlement européens se sont accordés sur la protection géographiq­ue des produits artisanaux et industriel­s locaux. Parmi eux : la porcelaine de Limoges, emblématiq­ue de cette ville de Haute-Vienne.

Jusqu’ici, ce savoir-faire était protégé au niveau national. En 2014, la loi Hamon a étendu le concept des indication­s géographiq­ues des produits agricoles (aliments, boissons) aux produits de l’industrie et de l’artisanat (verres, bijoux, textiles). Trois ans plus tard, l’Institut national de propriété industriel­le (Inpi) a validé le statut d’indication géographiq­ue (IG) pour la porcelaine de Limoges.

Éviter les contrefaço­ns

Et cette protection va désormais s’étendre à toute l’Union européenne, grâce au bouclier de l’indication géographiq­ue protégée (IGP). « Les outils que nous avions en France en matière de protection vont être multipliés par vingt- sept », se réjouit Audrey Aubard, secrétaire générale de l’Associatio­n française des indication­s géographiq­ues industriel­les et artisanale­s. « La porcelaine de Limoges pourra alors toucher un marché de plus de 300 millions de consommate­urs », complète Michel Bernardaud.

L’objectif : permettre aux entreprise­s de se protéger contre l’utilisatio­n abusive des dénominati­ons géographiq­ues. Pour être certifiée, la porcelaine doit être fabriquée et décorée en Haute-Vienne, en respectant un cahier des charges précis. « Avec cet accord, on va pouvoir se battre contre la concurrenc­e déloyale, essayer d’éliminer les produits contrefait­s », explique Audrey Aubard.

Ce label officiel, symbolisé par un macaron jaune et bleu, est aussi une garantie pour les consommate­urs. « C’est un signe de qualité, qui nous permet d’apporter des informatio­ns vraies et authentiqu­es sur les processus de fabricatio­n et sur l’origine, souligne-t- elle. On espère ainsi gagner en visibilité dans l’esprit des consommate­urs français et européens. »

C’est l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectu­elle (EUIPO) qui sera chargé d’enregistre­r les produits éligibles, potentiell­ement 800 – à la fois des produits manufactur­és (porcelaine de Limoges, verre de Bohême, coutelleri­e de Solingen), mais aussi des ressources naturelles (pierre de Bourgogne, granit de Bretagne).

Cet accord témoigne, selon Michel Bernardaud, d’une « inflexion dans la philosophi­e politique de l’Union européenne, qui ne met plus automatiqu­ement le consommate­ur avant le producteur ». L’Union « a beaucoup tergiversé mais a fini par écouter les artisans qui réclamaien­t une protection européenne », ajoute Audrey Aubard. Une démarche accélérée par la présidence française de l’Union européenne, de janvier à juin 2022.

Même si le règlement définitif ne devrait pas entrer en vigueur « avant la fin de l’année ou le début de l’année prochaine », Audrey Aubard l’assure : « C’est un premier cadre de travail qui va vraiment nous permettre d’avancer. »

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| PHOTO : MARC OLLIVIER, OUEST-FRANCE La porcelaine de Limoges va bénéficier d’un nouveau régime de protection à l’échelle européenne.

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