Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
« Créer du lien entre ville et campagne »
Entretien
Odile Colin, directrice de l’association Campus vert.
Comment est né le concept ? L’aventure a démarré à Béthune, en 1994. Du fait de la décentralisation de l’université de Lille, les villes moyennes alentour ont commencé à accueillir des étudiants. Mais elles ne disposaient pas de suffisamment de logements. Trois agriculteurs, à l’origine de l’association, ont eu l’idée de faire de la diversification agricole, en transformant des corps de ferme inutilisés en logements étudiants.
Comment fonctionne le dispositif ? Le Campus vert met en lien les agriculteurs et les jeunes. Ces derniers (étudiants, apprentis ou stagiaires) font une demande de logement sur le site Internet de l’association (campusvert.com), qui leur transmet les coordonnées des propriétaires. Les contrats de location sont d’un an renouvelable (le jeune peut partir à tout moment, avec un mois de préavis).
Quels critères doivent remplir les propriétaires ?
La ferme doit se situer à moins de 20 minutes des sites universitaires. Si c’ est le cas, l’ agriculteur pourra transformer son bâtiment en maximum six logements, en suivant notre cahier des charges. Ce sont des T1 ou des T2 entièrement meublés et équipés. Et on a une grille de loyers pour chaque territoire. À Rennes, c’est par exemple 292 € pour un
21 m² ou 407 € pour un plus de 40 m², plus environ 60 € de charges.
Quels sont les points positifs de cette démarche ?
Nous avons plusieurs objectifs : valoriser le patrimoine (grâce à la réhabilitation de bâtiments en ruine) ; créer du lien entre ville et campagne (on incite les propriétaires à offrir des services aux étudiants, comme proposer un panier paysan, les accueillir pour un repas, un apéritif, ou leur prêter un vélo) ; permettre aux jeunes d’accéder à des logements de qualité à prix modéré (20 à 30 % moins cher que le marché moyen) ; et enfin apporter aux agriculteurs un complément en exercice de ou revenus retrai-tes. C’est aussi du partage, il arrive que les jeunes covoiturent, décrochent des jobs d’été à la ferme ou proposent du baby- sitting ou de l’aide aux devoirs aux propriétaires qui ont des enfants…