Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Argentan, l’autre cité ornaise de la den telle

Sur les bords de l’Orne, laissez-vous séduire par l’une des plus importante­s forteresse­s de Normandie devenue l’autre « grande ville » de la dentelle.

- Françoise SURCOUF.

Ravissante petite cité nichée dans son écrin de verdure, Argentan s’épanouit au coeur même du pays du cheval. Longtemps, elle fut une ville militaire et aristocrat­ique, ce qui explique sans doute le nombre important d’hôtels particulie­rs et de châteaux disséminés dans toute la région. Aujourd’hui, elle doit sa renommée à son riche passé industriel. Ici, tannerie et dentelle étaient florissant­es. Au XVIIIe siècle, Argentan ne comptait pas moins de quatre manufactur­es royales.

L’Emperesse et les Plantagenê­t

Des premières fortificat­ions d’Argentan, on ne sait que peu de choses, sinon qu’elles sont très anciennes. C’est Rollon, premier duc de Normandie, qui les fît bâtir, voire reconstrui­re, sur des vestiges gaulois ou gallo-romains. En 1046, le roi de France, tentant de s’emparer du duché normand, assiège la redoutable forteresse, détruisant ses remparts et y mettant le feu.

L’histoire d’Argentan est liée à celle du royaume d’Angleterre. L’actuel château est construit au début du XIIe siècle par Henri Ier Beauclerc. Vers 1360, la ville se dotera de deux enceintes : celle de l’intramuros, composé de 16 tours, et celle du bastion lui-même qui en compte quatre, encore visibles, devenant l’une des plus importante­s places fortes de Normandie.

Après la mort d’Henri Ier, Argentan devient le refuge de son héritière, Mathilde l’Emperesse. En 1150, alors qu’Henri II, le fils qu’elle a eu avec son deuxième époux Geoffroy Plantagenê­t, monte sur le trône anglais, elle s’installe au château. Elle règle désormais le sort de la ville, crée les sergenteri­es nobles et établit une foire franche.

Le pays du cheval et de la dentelle

Dès lors, Argentan va accueillir les personnage­s les plus illustres de son temps. Henri II d’Angleterre, Aliénor d’Aquitaine et leurs enfants : Richard « Coeur de Lion » et Jean sans Terre. Mais ce dernier, médiocre monarque et médiocre duc, perd la Normandie au profit de Philippe II. Argentan tombe aux mains des Français. Puis, c’est François II, duc de Bretagne, qui s’empare de la ville en 1465. Louis XI la reprend illico. Puis, lors des guerres de religion, Coligny et les protestant­s conquièren­t la cité. En 1574, Jacques II Goyon, le seigneur de Matignon, à la tête de 6 000 catholique­s, les chasse.

Au XVIIIe siècle, Louis XIV, désireux de trouver une terre propice à la production de chevaux pour contribuer à l’effort de guerre, avise le domaine du Buisson d’Exmes à une quinzaine de kilomètres d’Argentan. La qualité de ses pâturages et les facilités d’approvisio­nnement en eau en font un endroit parfait pour y installer un centre d’élevage et de dressage. Ce sera le désormais célèbre Haras du Pin. Il a encore aujourd’hui pour mission de promouvoir la filière équine et ses activités. Vous pourrez en visiter les jardins, le château, les écuries ou assister à un merveilleu­x spectacle équestre.

Si l’on en croit la légende, la dentelle d’Argentan puise son origine dans le Moyen Âge. Le fils du prévôt des marchands de Paris, en villégiatu­re à Argentan en 1378, tomba sous le charme du travail des artisans de la ville. Vrai ou pas, qu’importe, il est certain que la renommée de ce savoir-faire local incite Jean-Baptiste Colbert à faire installer une manufactur­e dans la cité. Aristocrat­es et riches bourgeois sont prêts à dépenser des fortunes pour se procurer les merveilles inventées ici. Notamment celles piquées au « point de France », très belles, mais aussi très longues à fabriquer, très chères, et qui deviennent les plus recherchée­s d’Europe…

Un savoir-faire local toujours perpétué par les moniales de l’abbaye bénédictin­e.

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Une vue aérienne d’Argentan dans l’Orne avec, au centre, l’église Saint-Germain.
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| PHOTO : STÉPHANE GEUFROI / ARCHIVES OUEST-FRANCE

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