Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Palm Trees and Power Lines, film choc
Pour son actrice principale. Ce film majeur suit le temps d’un été une adolescente sous l’emprise d’un homme de quinze ans son aîné. Et révèle une très grande actrice : Lily McInerny.
Il fut un temps pas si lointain où tous les films récompensés au Festival de Sundance, le temple du cinéma indépendant américain, débarquaient dans la foulée dans les salles françaises. Mais ce temps-là, celui des Bêtes du Sud sauvage et de Whiplash, a disparu, balayé par l’arrivée des plateformes et les montants mis pour en acquérir les droits mondiaux, trop élevés pour que des distributeurs français s’alignent.
C’est ce qui explique en partie – en plus de son sujet qui en a refroidi plus d’un – qu’il ait fallu attendre plus d’un an pour découvrir ce Palm Trees and Power Lines, récompensé pour sa réalisation dans l’Utah, puis par le Prix du jury au Festival du film américain de Deauville.
Descente aux enfers
Mais pas question pour autant de passer à côté de ce premier long-métrage impressionnant de maîtrise signé Jamie Dack. On y suit le temps d’un été où elle s’ennuie ferme entre une mère peu présente et des petits copains transparents, une adolescente de 17 ans dont le coeur et le corps s’emballent pour un trentenaire, sans imaginer une seconde que l’emprise qu’il va avoir sur elle va la conduire à se prostituer à sa demande. Impossible de ne pas penser au remarquable Noémie dit oui (en salle depuis le 26 avril) dans la manière de traiter cette descente aux enfers, de prendre en charge les scènes de sexe sans verser dans le voyeurisme facile.
Si Palm Trees and Power Lines prend autant aux tripes, c’est parce qu’on vit cette dépendance façon drogue dure dans la peau de cette adolescente et non par le prisme d’un regard adulte surplombant. Mais aussi parce qu’elle est incarnée par l’exceptionnelle Lily McInerny, dont on n’a pas fini d’entendre parler. Sans oublier la très belle lumière de la directrice de la photographie Chananun Chotrungroj.
1 h 50. Sur UniversCiné.