Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Pour Guingamp, dix minutes de trop…
Dans une ambiance des grands soirs, les Guingampais ont bousculé sévèrement les Verts. Avant de craquer dans les dernières minutes, au terme d’une rencontre spectaculaire et agréable.
Saint-Etienne (Loire). De notre envoyé spécial
Être à Geoffroy- Guichard est une expérience sensorielle. On voit le vert, partout, tout le temps, des toilettes à la buvette. On sent le poids de l’histoire et l’odeur des frites. On goûte à la ferveur, rare et populaire, comme à Lens, comme à Marseille. On touche un peu du patrimoine du sport français rien qu’en montant les escaliers. Et on entend.
Les Guingampais ont entendu, eux aussi. Un bruit sourd et violent, qui aura peut- être hanté leur nuit sur le chemin du retour vers les Côtesd’Armor. Ce son venu des Magic Fans, Green Angels et familles tout autour. 25 000 spectateurs, quand même ! Ce record de décibels, donc, autour de 20 h 43, quand Niels Nkounkou enrhumait Maxime Sivis et délivrait une merveille de passe pour un Ibrahima Wadji seul. C’est à ce moment que Saint-Etienne prit le dessus sur des Guingampais sonnés, éreintés.
Parce que la journée fut longue et émaillée de travers logistiques, déjà. Aussi parce que pendant près d’une heure et quart, Guingamp, sa jeune garde, ses quatre offensifs (El Ouazzani, Courtet, Guillaume et Livolant) et sa volonté de marquer ont mené la vie dure à Saint-Etienne et son armada dans un match comme une parfaite publicité de la Ligue 2. « Il y avait deux belles équipes qui s’affrontaient », pointait Stéphane Dumont. Avant de résumer : « Dans ce genre de match où les équipes se rendent coup pour coup, il faut être capable d’être efficace, dans un premier temps. De passer devant, de breaker quand l’occasion se présente. Et d’un autre côté plus chirurgical dans les deux surfaces. On n’a pas su breaker et pas su être assez rigoureux pour éviter ces buts. Ça a donné un match ouvert, agréable. »
« Défensivement, il en manque un bout »
Le scénario. Alors qu’Amine El Ouazzani jetait un premier coup de froid sur Geoffroy- Guichard (12’), Gaëtan Courtet se chargeait de rafraîchir lui aussi l’atmosphère juste avant la pause, d’une belle inspiration (45’). Le genre de tournant qui peut assommer une équipe, quand bien même Saint- Etienne avait su égaliser sur coup de pied arrêté, bien aidé par l’étrange défense guingampaise (21’).
Puis vinrent les fameuses situations qui auraient pu (dû ?) permettre à En Avant, opérant en transition, de faire un écart. Pêle-mêle un Dylan Louiserre trop tendre dans sa frappe (60’), un Loïc Mbe Soh qui manquait l’immanquable sur coup-franc (69’) ou un Hugo Picard, à peine entré en jeu, un peu mou sur son premier ballon pourtant idéal (72’). Si Saint- Etienne criait au penalty oublié (à raison) peu après l’heure de jeu, la fin de match était à leur avantage. À l’usure, d’abord par Cafaro qui s’y reprenait à deux fois (82’), puis avec le fameux bruit sourd, la faute à Wadji, donc (89’). « C’était un bon match de la part de l’équipe, mais sur un plan défensif il en manque quand même un bout », regrettait l’entraîneur guingampais, pas passé loin d’un gros coup à Sainté.
S’il faut voir le verre à moitié plein, Guingamp, avec son cortège de jeunes pousses et d’inexpérience, pourra se dire qu’il apprend. Parce qu’une ambiance pareille, « où on s’entend pas vraiment pour se donner les consignes », dixit Tristan Muyumba, peu l’avaient vécue. Parce que ce genre de déroulé de match, où le train passe une fois, deux fois puis finit par vous zapper, arrivera encore. La prochaine fois, pour montrer que tout le monde apprend, il faudra juste changer la fin de l’histoire. En attendant, celle- ci fut belle à vivre. Et à observer.