Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« Aux États-Unis, je me suis vraiment retrouvé »

Récit. De Bruz puis au REC, en passant par les États-Unis, pour arriver enfin à Genève : à 26 ans, Kilian Bendjaball­ah, 3e ligne internatio­nal allemand, a déjà bien bourlingué sur la planète ovale. Il raconte.

- Recueilli par Florent METOIS.

Commençons l’histoire à Paris, là où est né Kilian Bendjaball­ah, le 15 février 1997, d’un père français et d’une mère allemande. Il a 9-10 ans quand sa famille déménage à Bruz. C’est là où débutera une histoire avec le rugby qui était pourtant mal embarquée.

« Petit, j’étais plus dégoûté du rugby qu’autre chose »

Mon père a toujours été dans le rugby (il est aujourd’hui président d’Oyonnax). C’est assez drôle parce que ce n’est pas vraiment lui qui m’a donné envie d’y jouer, c’est plus l’inverse (rires). J’étais plus dégoûté du rugby qu’autre chose. Quand j’étais petit, comme il n’était pas souvent là et que c’était souvent à cause de ce sport, j’avais fait un blocage.

À l’époque, un de mes meilleurs copains jouait au Rheu. Je suis allé le voir, ça m’a plu, et c’est comme ça que j’ai commencé, en U13 (en 2008). Quand j’ai annoncé à mon père que je voulais m’y mettre, dans les trente minutes, il m’avait acheté tout l’équipement (rires). En 2012, je suis parti au REC, pendant deux ans, avant de rejoindre La Rochelle après mon bac. J’y ai fait une année de Crabos et deux ans en Espoirs. Ensuite, je suis parti à Oyonnax pour une saison au centre et un an avec les pros.

Après Oyonnax, « qu’est-ce que je voulais vraiment ? »

Depuis que je suis petit, j’ai toujours rêvé d’aller aux États-Unis. Je savais que j’allais m’y rendre, mais je ne savais pas quand. Je me suis vraiment posé la question quand j’étais en fin de contrat à Oyonnax. D’autant plus qu’on changeait d’entraîneur (Joe El Abd arrivait pour remplacer Adrien Buononato). Il m’a clairement dit qu’il fallait que je gagne du temps de jeu et que je n’allais pas forcément l’avoir à “Oyo”. Mais je n’avais pas envie de rechanger de ville une nouvelle fois, je ne savais même pas si j’étais toujours prêt à m’accrocher à ça. Et l’opportunit­é des États-Unis est venue un peu au même moment, pour mes études de finance, avec des contacts dans le rugby. J’ai sauté sur l’occasion.

À Boston, « je me suis dit que le rugby, c’était fini »

Je suis resté trois ans en tout, deux à Boston et un à New York. Quand je suis arrivé à l’été 2019, j’étais censé signer avec les New England Free Jacks, l’équipe MLR (Major League Rugby, la ligue pro américaine) de Boston. On avait un accord verbal. Mais finalement, ils m’ont dit qu’ils avaient déjà atteint leur quota de joueurs étrangers et que comme j’étais étudiant, ils ne pouvaient pas me donner un visa. C’était mort. Ça m’a mis un énorme coup de massue. Je me suis dit que le rugby, c’était fini, je raccrochai­s les crampons.

Au bout de deux semaines, je commençais déjà à tourner en rond dans l’appartemen­t. Ma copine me disait “va trouver un club et va jouer”, je commençais à lui taper sur le système (rires). Et par hasard, j’ai vu une affiche d’un club local de Boston, le Charles River Rugby. C’est comme si j’allais en seniors, dans un club de division honneur. Je sortais tout juste du monde pro à Oyonnax, je venais de faire le tournoi de qualificat­ion aux JO avec l’équipe de rugby à 7 d’Allemagne. C’est un gros changement (rires) mais j’ai adoré retrouver l’ambiance de l’école de rugby, sans pression. Après, je ne cache pas qu’il y avait un écart de niveau considérab­le, je voulais me challenger.

À New York, « c’était vraiment compétitif »

Après la pause liée au Covid, j’ai intégré un autre club de la ville, une division au dessus, les Wolfhounds Rugby. J’ai juste fait quelques mois avec eux avant de partir à New York où j’ai directemen­t intégré le New York Athlétic Club en APR (l’America Rugby Premiershi­p, la 1re division amateur et le 2e échelon national). Là, je me suis retrouvé, c’était vraiment compétitif. La MLR ne durant que six mois à partir de janvier, tout le reste de l’année, les joueurs redescende­nt dans des divisions amateur.

Que ce soit à Boston ou à New York, j’ai aussi pu apporter mon expérience. J’ai joué avec des joueurs qui venaient de commencer ou n’avaient pas une grosse expérience. Il y avait ce côté transmissi­on de savoir et je sentais que c’était très réceptif, les mecs voulaient progresser. C’était enrichissa­nt, j’avais un peu ce côté entraîneur que je ne connaissai­s pas.

Retour en Europe : « Je n’étais pas dans l’optique de reprendre »

L’été dernier, quand j’ai su que je ne pouvais pas rester aux États- Unis, il fallait, avec ma compagne, qu’on trouve où. Je suis arrivé à Genève au mois d’août. Je n’étais pas dans l’optique de reprendre le rugby pro, j’étais rentré dans la vie active. Après, j’ai vu qu’il y avait un club de Fédérale 1, le Servette. Le coach, c’était mon ancien entraîneur du centre de formation d’Oyonnax, Clément Fromont et c’est parti comme ça. C’est assez paradoxal parce que jusqu’à fin mars, je n’avais pas encore fait un match avec Genève (rires). Entre, les raisons personnell­es – je me marie cet été -, les matches avec l’Allemagne, les stages, les matches annulés et les vacances… Aujourd’hui, on est qualifié pour les phases finales et l’objectif c’est de monter en Nationale 2. Tant que c’est possible, je vais continuer de concilier travail et rugby à Genève. Une fois que tu sors des contrainte­s du rugby pro, ne pas avoir de week- ends, de vacances, c’est très dur d’y retourner. Même si parfois, ça me manque. Mais si

» demain, j’ai une offre de Pro D2, je ne sais pas si je pourrais dire oui.

L’intégralit­é de l’article est à lire sur www.ouest-france.fr/ sport/prolongati­on

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| Après une formation en France, avec une dernière étape à Oyonnax, Kilian Bendjaball­ah s’est envolé pour les « States ». C’est à ce moment que l’Allemagne le convoque, à 7 puis cette saison à15.
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PHOTO : JACQUELINE GAGNON ; KEITH KILLEEN ; IRAKLI TKEMALADZE

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