Les vainqueurs sortants boudent l’épreuve

Jai Hindley a perpétué une certaine tradition. L’Australien, vainqueur de l’épreuve l’an passé, n’était pas présent au départ de cette 106e édition, hier. Le coureur de Bora-Hansgrohe a, cette saison, privilégié le Tour de France. Une situation loin d’être inédite.

Cela fait désormais cinq ans que le Giro est orphelin de son vainqueur sortant. Le dernier à avoir défendu son titre est Tom Dumoulin. Vainqueur en 2017, il avait pris la deuxième place de l’épreuve l’année suivante, derrière Chris Froome. Depuis, tous les coureurs ayant revêtu le maillot rose à l’issue de l’ultime étape, et donc ayant inscrit leur nom sur le Trofeo senza fine, ont eu envie de se tourner vers d’autres objectifs. Le Tour, principalement. Sans réussite, jusqu’ici.

Combiner Giro et Tour n’est pas une chose impossible, mais un doublé reste difficile à réaliser (il n’a plus été réussi depuis Pantani en 1998). D’autant que la tendance actuelle veut que les coureurs qui préparent la Grande Boucle enchaînent les kilomètres lors de camps d’entraînements. De quoi limiter le nombre de coureurs doublant les deux épreuves – 22 l’an dernier.

Pourtant, ceci n’est pas un simple effet de mode. Nombreux sont ceux qui ont eu l’ambition d’aller l’emporter sur le sol français après avoir paradé avec le maillot rose. Mais entre Giro et Tour, le fossé est grand, à en croire le taux de réussite des vainqueurs en Italie. Depuis le début du XXIe siècle, ils ne sont que deux à avoir triomphé dans l’Hexagone un an après avoir gagné sur le sol transalpin : Alberto Contador (2008-2009) et Vincenzo Nibali (2013-2014).

Reste à savoir si la tendance se confirme une année de plus. Favori à la victoire finale et impressionnant hier sur le chrono inaugural, Remco Evenepoel est déjà programmé pour aller sur le Tour de France en 2024, le faisant ainsi louper le Giro.

Arthur PINEAU.

| PHOTO : AFP Jai Hindley, vainqueur du Giro 2022, sera sur le Tour en 2023.