Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Pour les mécanos aussi, c’est l’« Enfer »…

- J. P.

Il y a donc le « vrai » Tro Bro, et celui des coulisses. Voilà 39 ans que JeanPaul Mellouët cultive un anticonfor­misme qui ravit le public… mais donne un boulot dingue aux équipes. « Pour nous aussi, c’est à part, concède Yann Bernard, le mécano d’Arkéa- Samsic. Un peu dans la même veine que Paris-Roubaix, il y a une préparatio­n. On garde le matériel de Roubaix pour le réutiliser sur le Tro Bro. On dispose d’une quarantain­e de paires de roues. » Tant pis si l’épreuve nord-finistérie­nne cultive sa différence avec l’Enfer du Nord. Pour les petites mains, c’est du pareil au même !

« Je veux comme Pipich »

De la même manière que personne n’aurait idée de traverser les ribinou en talon aiguille, la première adaptation concerne la manière dont les vélos sont chaussés. Un oeil aiguisé remarquera l’élargissem­ent de la section des pneus. « On part sur du 28 ou du 30 millimètre­s », confie-t-il.

Le premier intérêt est de coller au mieux aux changement­s de physionomi­e du terrain. Le tubeless (pneu sans chambre) offre la possibilit­é de rouler à basse pression sans risquer la crevaison. Pour le reste, « en début de semaine, j’ai demandé aux gars ce qu’ils désiraient. Trois ou quatre m’ont répondu : “je veux comme « Pipich » ( Laurent Pichon)”. » L’expérience du Landernéen (trois tops 10 en 11 participat­ions) fait foi.

Yann Bernard l’assure : avec le temps, le nombre de crevaisons a été diminué substantie­llement. « J’ai connu des Tro Bro Leon où aucune équipe n’avait de matériel spécifique. Face aux bonnes pierres bien coupantes de certains ribinou, je ne vous fais pas de dessin… J’espère que cela ne va pas me porter malheur, mais on bosse avec un fournisseu­r qui nous donne pleinement satisfacti­on. » L’arithmétiq­ue et la logique n’étant pas le propre du Tro Bro Leon, contrairem­ent à la malchance, cette fiabilité n’avait pas empêché Laurent Pichon de percer dans le ribin de la ferme l’an dernier. Idem, pile au même endroit, lors de la reconnaiss­ance de l’épreuve, cet hiver, sous l’oeil hilare de Valentin Madouas ou de Léo Danès.

Cette année, chez Arkéa- Samsic, le « plan anti- crevaison » a été dessiné par Mickaël Leveau, « quadrilleu­r » en chef des ribinou. « D’ordinaire, cette mission est pour Yvon Caër. Mais étant au Giro, c’est Mickaël qui a pris les choses en main avec un sérieux très particulie­r. Quinze jours avant le Tro Bro, il avait envoyé la liste des ribinou » avec le nom des mécanos prêts à dégainer. Car après Connor Swift en 2021 et Hugo Hofstetter en 2022, Arkéa- Samsic rêve d’un triplé. Certains diront… que c’est gonflé !

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PHOTO : THOMAS BRÉGARDIS / OUEST-FRANCE La formation Arkéa-Samsic dispose d’une logistique particuliè­re, sur le Tro Bro Leon.|

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