Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« De très grosses performanc­es dans la brise »

Guyader Bermudes 1000 race, départ aujourd’hui de Brest. Treize Imoca sont alignés pour leur première course de la saison en France. Charal 2 se confronte aux derniers nés de la classe.

- Recueilli par Jacques GUYADER.

Qu’avez -vous fait de votre hiver au retour de la Route du Rhum ? J’étais beaucoup à Lorient, sur mon chantier, et avec le bureau d’études. J’ai passé beaucoup de temps à surveiller, organiser et regarder tous les détails. C’est un des chantiers sur lesquels j’aurai passé le plus de temps, et c’est bien.

Vous n’avez pas du tout navigué ? Trois ou quatre fois du moth à foil, mais c’est tout. Il était question que je navigue avec 11th Hour sur The Ocean Race, mais c’était plutôt sur les premières étapes, comme je l’avais dit à Charlie Enright. Mais il a choisi de ne pas faire tourner son équipe A sur ces étapes-là, donc je n’y suis pas allé. J’ai juste fait quelques entraîneme­nts avec eux en décembre. J’ai emmené le bateau du Portugal à Alicante.

« On a encore un plus gros potentiel au portant »

En quoi consistait le chantier sur votre Charal 2 ?

Tous les hivers, on passe en chantier, donc il y a d’abord une grosse réflexion pour savoir ce que l’on fait, comment on le fait, dans quel timing… L’an dernier, en six mois de navigation, on avait déjà fait deux transats, dont une en course, et dès la mise à l’eau, on a fait des navigation­s de deux- trois jours d’affilée, donc pas mal de milles au final. Et le constat de tout ça, c’est surtout que l’on n’a aucun gros souci sur le bateau. On a surtout enregistré de très grosses performanc­es dans la brise. On a encore un plus gros potentiel au portant, et on est plutôt bien dans toutes les autres allures. À partir de ce constat- là, on n’avait pas tout à refaire. Le bateau était bien né, comme on le voulait. Tant au niveau de la structure, que de la performanc­e.

Qu’avez-vous modifié alors ?

On a essayé de travailler les points faibles tout en conservant les points forts. En résumé, améliorer les allures de décollages, le près, et, un peu aussi le portant dans les airs plus faibles. On a vu l’année dernière qu’on avait un bateau optimisé pour un Vendée Globe, mais cette année c’est un parcours différent sur la Transat Jacques Vabre.

« Le leadership est secondaire »

La Transat Jacques Vabre est donc un objectif prioritair­e ?

Oui, c’est un objectif et on a travaillé pour ça. Vu notre avancement, on pouvait optimiser pour les courses de l’année, dont la Transat Jacques Vabre. Notamment en gagnant du poids déjà. On préfère faire cette petite cure d’amaigrisse­ment cette année, car si on s’aperçoit que l’on a fait un peu trop léger et que ça casse, déjà, on est deux à bord sur l’Atlantique et pas tout seul au point Némo… On ne fait pas les courses juste pour les faire, on les fait aussi pour prendre du plaisir et les gagner.

Et comment vous entendez-vous avec Franck Cammas ?

Très bien. Ce n’est pas que je n’ai pas d’ego, bien sûr que j’en ai un peu, mais quand je choisis un coéquipier, je ne suis pas en train de me dire : « Je ne vais prendre un mec aussi fort que moi de peur de perdre le leadership ». Je m’en fous en fait. Si ça fonctionne, le leadership est secondaire.

Et dans l’associatio­n de tempéramen­ts ?

Pas de problème non plus. On avait déjà navigué ensemble, notamment sur Dongfeng, sur la Volvo Ocean Race, et ça s’était bien passé. Tous les deux, on s’implique beaucoup sur le projet, et quand tu as à côté de toi quelqu’un qui s’implique autant, alors tout se passe bien. Quel est son apport ? Il est très pointu en tout. L’idée ce n’était pas d’embarquer quelqu’un qui ne soit là que pour naviguer, mais qui soit présent toute l’année. Et c’était aussi la demande de Franck, de s’impliquer dans la préparatio­n et la mise au point du bateau. Il apporte toute son expérience, notamment de la navigation en Ultim. Par exemple, sur la mise au point du pilote automatiqu­e qui provient du même fournisseu­r que celui de Gitana, il est beaucoup intervenu.

Vous avez aussi surveillé la sortie des deux derniers Imoca, For people et Paprec-Arkea ?

Oui, mais on n’a pas été plus surpris que ça, car on se doutait un peu. Il y a des partis pris très différents, car déjà ils proviennen­t d’une nouvelle associatio­n d’architecte­s Finot- Conq et Koch. Donc il n’y avait pas de raison qu’ils fassent un copier- coller d’un Manuard, d’un VPLP, ou d’un Verdier… On verra en confrontat­ion, à commencer par la Guyader Bermudes 1000 race.

 ?? | PHOTO : CHARAL TEAM ?? Charal 2 est bien plus puissant, au portant, que son prédécesse­ur.
| PHOTO : CHARAL TEAM Charal 2 est bien plus puissant, au portant, que son prédécesse­ur.

Newspapers in French

Newspapers from France