Novak Djokovic, l’ombre d’un doute

Le séisme provoqué par le forfait de Rafael Nadal l’aurait presque fait oublier. S’il remporte Roland- Garros pour la troisième fois de sa carrière, le 11 juin, Novak Djokovic soulèvera le 23e trophée majeur de sa collection. Le hissant tout en haut, au- dessus de « Rafa », bloqué à 22 couronnes, et de tous les autres. « L’une des raisons principales pour lesquelles je joue, c’est pour casser des records », a-t-il confié en conférence de presse, hier.

Un coude grinçant, une relève qui pousse

Oui mais voilà, malgré l’absence du Majorquin – une première depuis dixhuit ans à Paris – « Djoko » n’a pas le costume de favori sur la terre battue parisienne. Un constat qui en dit beaucoup sur les doutes entourant l’état de forme du Serbe. Le n°3 mondial n’a remporté que cinq matches sur ocre au printemps. Son pire total depuis 2006. Un autre temps. « Novak arrive avec peu de confiance, constate Guy Forget, consultant pour Prime Vidéo et ancien directeur du tournoi. La question qu’on se pose c’est : “Est- ce qu’un Carlos Alcaraz et son jeu très offensif peuvent le battre au meilleur des cinq sets.” » La dernière digue à faire sauter pour inscrire la transition dans le marbre.

Car le Serbe de 36 ans a rarement

autant fait son âge. Mis au ban du circuit durant la tournée nord-américaine – faute de vaccin contre le Covid19 – Djokovic a ensuite dû composer avec un coude grinçant, fin avril. « Le coude n’est pas dans une condition idéale », soufflait- il en Bosnie, à la veille de « son » tournoi à Banja Luka. Battu deux jours plus tard par Dusan Lajovic, il a fait une croix sur Madrid avant de plier en trois sets face à Holger Rune à Rome, dès les quarts de finale. En Italie, il avait abandonné sa coudière noire dont il était affublé sur le Rocher. Hier, il a rassuré sur son état physique : « Je n’ai pas de problème qui puisse être une source de préoccupation. Mon corps n’est

plus le même qu’il y a dix ans. Donc je vais donner priorité aux Grands Chelems. »

Ultime moyen de rester le maître à haute altitude. Face aux journalistes, il a tenté le parallèle avec sa préparation à l’Open d’Australie, il y a cinq mois : « J’ai contracté une blessure (cuisse) dans les derniers matches à Adélaïde, puis la semaine juste avant le tournoi. Il a fallu que je la gère. Ce n’était pas plaisant. Mais j’ai été en mesure de l’emporter (à Melbourne). » Message à peine subliminal et façon de rappeler qu’il n’a pas encore passé la main.

| PHOTO : AFP Novak Djokovic n’a remporté que cinq matches sur ocre cette saison.