Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Mer Rouge: des raids houthis contre des navires
Quatre des plus grands armateurs mondiaux ont annoncé qu’ils cessent d’utiliser le canal de Suez à la suite d’attaques contre plusieurs de leurs navires.
Les Houthis, rebelles yéménites appuyés par l’Iran et qui soutiennent le groupe islamiste palestinien Hamas, sont-ils en train de jouer avec le feu ?
Ces dernières semaines, Ils ont multiplié les attaques de drones et de missiles en direction d’Israël (samedi, ils ont touché la station balnéaire d’Eilat, sur la mer Rouge) et contre des navires marchands de pays qu’ils jugent « alliés » d’Israël.
Au 16 décembre, 17 navires civils ont ainsi été la cible d’attaques, de tentatives d’abordage ou de harcèlement. Dont deux vendredi : le navire MSC Palatium III, battant pavillon libérien, attaqué par un drone dans le détroit de Bab al-Mandab, à l’extrémité sud de la mer Rouge, et le Al Jasrah touché par un missile, qui a déclenché un incendie, selon l’armée américaine.
L’insécurité que font régner les Houthis a poussé l’armateur danois Maersk, l’allemand Hapag Lloyd et le suisse MSC (Mediterranean Shipping Co) à détourner leurs navires qui devaient transiter par le canal de Suez et la mer Rouge. Le premier transporteur maritime français, CMA CGM, a pris une décision identique hier après-midi. Tous vont réorienter leurs porte- conteneurs, en particulier vers le cap de Bonne-Espérance, à l’extrémité sud de l’Afrique, ce qui
allongera de plusieurs jours les trajets des navires et augmentera les coûts de transit.
Une task force à l’étude?
La libre circulation en mer Rouge et dans le détroit de Bab al-Mandab est vitale puisque quelque 20 000 navi
res circulent chaque année sur cette route maritime reliant la Méditerranée à l’Océan Indien. C’est pourquoi les puissances occidentales déploient des moyens navals pour contrer les attaques des Houthis. Pour la seule journée de samedi, le destroyer lance-missiles américain USS Carney opérant en mer Rouge, a abattu quatorze systèmes aériens sans pilote lancés depuis les zones contrôlées par les Houthis. Un peu plus tôt, dans la nuit de vendredi à samedi, la frégate britannique HMS Diamond a abattu un « drone d’attaque présumé qui visait le trafic marchand en mer Rouge », selon Londres.
Les jours précédents, la frégate française Languedoc et les destroyers américains USS Mason et USS Thomas Hudner ont aussi neutralisé des drones hostiles en provenance du Yémen.
Selon le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, « les États- Unis travaillent avec la communauté internationale et leurs partenaires dans la région pour faire face à cette menace ». Washington envisage même de mettre en place une task force dédiée en mer Rouge pour assurer la liberté de navigation et pour escorter des navires marchands. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd J. Austin, pourrait faire une annonce dans ce sens lors de sa tournée dans le golfe Persique.
Mais « toute action hostile contre le Yémen aura des conséquences désastreuses », a prévenu vendredi soir un responsable houthi à la chaîne de télévision Al Mayadine.