Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
L’appel des Iraniennes : « Soyez à nos côtés ! »
« Soutenez- nous. Soyez à nos côtés. Agissez. Tenez vos promesses. » Cet appel a été lancé par des Iraniennes au Parlement européen. Elles recevaient le prix Sakharov pour le mouvement « Femme, vie, liberté » ainsi que Jina Mahsa Amini, hélas, à titre posthume. Car cette étudiante a été tuée après avoir été arrêtée par la police des moeurs iranienne parce que ses cheveux dépassaient du voile islamique. Violentée en prison, elle est morte le 16 septembre 2022. Elle avait 22 ans. Sa mère que le régime iranien a empêchée de venir à la remise du prix du Parlement européen a fait lire cet hommage : « Elle a répandu le rêve de la liberté. Elle a mis en mouvement des millions de femmes et d’êtres humains opprimés dans l’espoir d’un voyage vers l’horizon infini du salut. »
En effet, depuis sa mort tragique et révoltante, des femmes iraniennes se sont soulevées. Elles protestent. Elles affirment leur liberté. Beaucoup manifestent ou sortent dans la rue sans voile. Des jeunes les rallient. De plus en plus d’hommes les soutiennent.
Cette immense contestation ébranle la tyrannie des mollahs. Pour l’étouffer, ils mènent une répression criminelle : des centaines de manifestants pacifiques ont été tués ; des milliers d’autres, blessés. Arrestations arbitraires, torture même d’enfants, faux procès, les condamnations à mort et les exécutions publiques augmentent, rapporte Amnesty International.
Les lauréates du Prix Sakharov ont courageusement témoigné du calvaire des Iraniens. Elles qui n’ont que leurs mots, leurs blessures et leurs larmes à opposer à la violence des mollahs. Afsoon Najafi, dont la soeur a été tuée lors d’une manifestation, a expliqué les pressions exercées par le régime sur les familles pour obtenir leur silence.
Mersedeh Shahinkar, gravement blessée lors des manifestations, revendique son « droit de ne pas porter le voile islamique et de ne pas être soumise à cette oppression ». Elle déplore les allées et venues en Occident de ceux qui « tuent nos enfants. Notre coeur est brisé par l’inaction, soutenez-nous. »
Comment ? En privant de visas les responsables de la répression. En qualifiant d’organisation terroriste les Gardiens de la révolution islamique, demande le Parlement européen à la Commission : ils « soutiennent et participent ouvertement au terrorisme, à l’instabilité régionale et à la répression de la jeunesse iranienne » (1). Et aussi la milice des Bassidji, la force Qods.
Emprisonnée, la prix Nobel de la paix, l’Iranienne Narges Mohammadi, demande aux gouvernements occidentaux de soutenir « les efforts du peuple iranien vers une transition démocratique et sa lutte non violente pour la paix, la démocratie, les droits de l’homme » (2).
Le prix Sakharov est aussi un appel à agir pour les défendre, a expliqué l’eurodéputé Udo Bullmann : « Dans un monde où les droits de l’homme sont bafoués chaque jour, ce mouvement de femmes est un phare, une lueur d’espoir. » Alors, que notre mobilisation réponde à leur courage.