Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Famileo, une gazette qui rapproche les familles
C’est un cadeau qui fait son petit effet. Livré dans les boîtes aux lettres, ce magazine familial a une saveur toute particulière, bien plus apprécié par les grands-parents que les messages WhatsApp .
Colette Legavre, « 85 ans bien tassés », attend toujours la fin du mois avec impatience pour feuilleter son nouveau Famileo. Cette gazette papier, alimentée en photos et petits textes par tous les membres de sa famille (via une application), arrive dans sa boîte à lettres depuis 2019 à Vitré (Ille-et-Vilaine).
L’ex-employée de banque, retraitée « depuis trente ans », y découvre les aventures – ou le simple quotidien – de ses deux enfants, six petits-enfants et de ses « deux et demi » arrière-petitsenfants. « Une naissance est attendue bientôt », précise l’octogénaire dans un sourire malicieux. « J’en suis au 59e numéro, pointe-t-elle en sortant le dossier bien rebondi où elle range précieusement tous les exemplaires. Ce week- end, j’ai passé deux après-midi à les re-regarder. C’est ma petite-fille qui a lancé ça, quand elle est partie vivre à La Réunion. Maintenant, elle est à La Martinique. »
Un rayon de soleil
« La famille élargie participe, explique son fils, James Legavre. Il y a aussi les neveux et nièces. Comme ça, nous aussi, on voit ce qu’ils deviennent. » Hugo, le petit-fils, venu visiter sa grand- mère avec ses enfants, Agathe, 6 mois, et Sacha, 3 ans, aime lui aussi feuilleter le Famileo. « Tout le monde le regarde », apprécie Colette.
Comme elle, Daniel Charron, 78 ans, de Montreuil- Juigné (Maineet- Loire), accueille son magazine familial tel un rayon de soleil. « Ça me permet de recevoir des nouvelles régulières de mes dix petits- enfants, quatre enfants, et de voir la progression de mes arrière-petits- enfants,
Alma et Sacha, nés le même jour, elle à Angers, lui à Montpellier. Je découvre les voyages, les rencontres avec leurs copains, les spectacles qu’ils sont allés voir… Parfois, il y a des surprises, je viens d’apprendre par le Famileo que mon petit-fils est au Brésil avec un copain ! »
« Ça rapproche », souligne Alexia Lusseau, 39 ans, très sensible « au lien intergénérationnel ». Elle a offert Famileo à son grand-père de 87 ans, à Noël dernier, avec sa soeur de 34 ans, sa cousine de 23 ans et son père. « Si on arrêtait, ce serait un vrai manque pour mon grand-père. Il trouve ça génial. C’est quelqu’un de super actif mais la famille n’est pas à côté, donc ce n’est pas toujours facile. » « Quand j’ai un coup de cafard,
je me replonge dans Famileo, et ce n’est que du bonheur », confirme un autre grand-père, Bernard Barthélémy, 77 ans, de Châteaubriant (LoireAtlantique).
« Que de souvenirs ! »
« Que de souvenirs partagés depuis quatre ans ! témoigne de son côté Céline Girard, petite-fille de 41 ans. Des souvenirs joyeux mais aussi parfois tristes. J’ai perdu mon grand-père en octobre 2021. Nous continuons la gazette pour mamie Janette qui est impatiente de la recevoir chaque mois. Même si, depuis, à 90 ans, elle s’est mise à WhatsApp où elle est souvent la première à souhaiter nos anniversaires. » Elle ajoute, touchante : « Ce
magazine, ça permet de dire qu’on les aime alors que, quand on se voit, on ne se le dit pas. »
Famileo compte aujourd’hui 220 000 familles, abonnées en direct ou par les Ehpad ( établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). « Preuve que les jeunes sont attachés à leurs grands-parents et que le lien intergénérationnel reste très fort en France », soulignent les dirigeants de la gazette, dans leur entreprise à SaintMalo (Ille- et-Vilaine), en nous montrant le mur de cartes postales envoyées par leurs abonnés. Rançon du succès, des magazines concurrents ont vu le jour, comme Neveo, Petit Potin ou Tous FAMiliés.