Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Nés le jour de Noël : « On est les grands oubliés »

Entre frustratio­n de ne pas avoir « un jour à soi » ou, au contraire, sensation d’être le « héros du jour », ils sont nés un 24 ou un 25 décembre et racontent cette journée particuliè­re.

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Quand elle avait « 8 ou 10 ans », Laëtitia se souvient avoir commandé, dans sa lettre au père Noël, « un gâteau d’anniversai­re ». « Je crois que mes parents ont compris », plaisante cette musicienne de région parisienne qui fêtera ses 36 ans le 25 décembre. Jusque-là, Laëtitia ne fêtait pas son anniversai­re le jour- J mais en septembre, en même temps que sa soeur. « Mais ça ne contentait personne : ce n’était pas mon anniversai­re et ça lui volait son jour… »

« On est les grands oubliés, confirme Marie, 48 ans le 25 décembre. Je n’ai jamais fêté mon anniversai­re, explique cette technicien­ne de laboratoir­e qui vit à Pessac (Gironde). Je suis toujours entouré de plein de monde et, à minuit, mes frères et soeurs me souhaitent un bon anniversai­re. Mais on est dans l’ambiance festive de Noël. Ceux que je croise les jours suivants me souhaitent seulement un joyeux Noël, même des membres de ma famille oublient. À tel point que j’oublie moimême que c’est mon anniversai­re… »

« Quelqu’un d’un peu à part »

Pour certains, il y a ce goût de frustratio­n de ne pas avoir « un jour à soi ». Pour d’autres, au contraire, être né un 24 ou un 25 décembre est « une chance », l’assurance de célébrer l’occasion en famille. « Ça a toujours eu plus de sens pour moi, assure Olivier Legrain, agent SNCF qui fêtera ses 49 ans le 25. J’ai l’impression d’être le héros du jour. Quand j’étais petit, on fêtait mon anniversai­re, puis le soir on attendait le père Noël. Aujourd’hui, on fait l’inverse, toute la deuxième partie de la fête, c’est mon anniversai­re. »

Pour tous, il y a cette sensation d’être né un jour particulie­r. « C’est sûr que ça fait toujours sourire les gens quand on annonce sa date de naissance, rit Olivier. Ça fait de vous quelqu’un d’un peu à part. »

« Ma mère a perdu les eaux en sortant de la messe de minuit, raconte de son côté Alexia, une Corse qui fêtera ses 32 ans le 25 décembre. C’est une anecdote qu’on raconte chaque année. »

« Ma mère est assez croyante, donc elle imaginait que je serais la réincarnat­ion de Jésus, pouffe Laëtitia. Un jour, elle s’est écroulée dans les bras de mon père en sanglotant : Elle est comme les autres ! Parce que j’étais un bébé cassepieds qui pleurait comme tout le monde… »

« Il y avait toujours des blagues comme : Ah, tu es le petit Jésus, notamment de mes grands-mères qui étaient beaucoup plus croyantes, abonde Florent, qui fêtera ses 32 ans le 24 décembre. Et puis il y avait ceux qui disaient que j’étais un cadeau et ceux qui disaient que je n’en étais pas un… » Ce chef d’entreprise qui vit à Toulouse revient tout juste de Franche- Comté, dont il est originaire et où il a fêté son anniversai­re en avance aux côtés de ses soeurs et de ses parents, car il passera Noël avec sa belle-famille. « Plus jeune, la date était importante pour moi. Aujourd’hui, c’est le plaisir d’être en famille qui compte, assure-t-il. Nos parents ont toujours tout fait pour nous, ils adorent nous avoir autour de la table et nous aussi on adore ça. »

Mais pour certains, les amis manquent à la fête. « Quand j’étais plus jeune, j’étais frustrée de ne pas pouvoir inviter les copains, raconte Marie. Le fêter avant, pas question et le fêter après, bof, c’est une autre année. J’ai accepté le fait que c’était compliqué. »

Florent, au contraire, dit avoir tou

jours réussi à fêter son anniversai­re à la fois en famille et entre amis. « En Haute- Saône, à l’époque, pendant les vacances, on ne bougeait pas autant qu’aujourd’hui, explique- t- il. J’arrivais toujours à fêter ça le 22 ou le 23 avec des copains et en plus ça arrangeait les parents qui faisaient leurs courses de Noël pendant ce temps-là… »

« Une attention noyée dans la masse »

« Ça demande un peu d’organisati­on, précise Olivier. Il faut trouver une autre date tout en laissant le temps aux gens de respirer après les fêtes, parce qu’ils en ont ras le bol des grands repas… »

L’agent SNCF a aussi eu l’occasion de fêter quelques anniversai­res-Noël sur les rails. « Dont l’un des plus beaux de ma vie, se souvient-il. J’ai travaillé à la gare d’Austerlitz, à l’époque où il y avait beaucoup de trains de nuit. Une année, un collègue de la Compagnie des wagons- lits, qui avait travaillé sur l’Orient-Express, nous a invités à faire un vrai réveillon, moi et mes collègues, dans sa cabine. Il l’avait décorée avec des guirlandes, il avait fait un petit repas, nous avait emballé les coffrets offerts aux passagers. C’était tellement touchant de fêter Noël et mon anniversai­re comme ça. »

Côté cadeaux, les traditions sont multiples. Les cadeaux de Noël sous le sapin et ceux d’anniversai­re après le repas. Ou les cadeaux de Noël le 24, ceux d’anniversai­re le 25. Mais il y a aussi les : « Tiens, ce sera ton cadeau d’anniversai­re et de Noël », pointe Laëtitia avec un peu d’amertume.

« Ma mère a toujours fait en sorte que j’ai une petite attention de plus que mes frères et soeurs comme un père Noël en chocolat, mais c’était noyé dans la masse, se souvient Marie. Le plus frustrant, en revanche, c’est de faire des cadeaux aux autres le jour de son propre anniversai­re, c’est quand même particulie­r… »

« Tout le monde dit qu’on a deux fois plus de cadeaux mais on ne pourra jamais savoir », remarque Alexia. « Soit un gros cadeau soit plusieurs, mais j’ai toujours eu plus de cadeaux que tout le monde, affirme de son côté Olivier. Noël, c’est la fête des enfants. J’ai parfois été le seul adulte avec des cadeaux. J’étais le chanceux du soir ! »

« J’ai souvent eu de la bûche »

Quant au traditionn­el gâteau, « c’est à ça que je voyais si ma mère s’y était prise à l’avance, raconte Alexia en rigolant. Parce que pour avoir un gâteau d’anniversai­re chez le pâtissier en décembre, il faut anticiper. Heureuseme­nt, mon gâteau préféré, le Bonaparte, marche très bien sous forme de bûche… » « Ah ça, c’est sûr, j’ai souvent eu de la bûche, confirme Marie. Mais avec des bougies dessus… »

Mélissa BOUFIGI.

« Je fête Noël en famille, c’est un moment de réunion et de partage que j’apprécie parce que l’enfant en moi s’éveille. Je sais que beaucoup détestent l’hiver, mais personnell­ement j’adore les saisons qui passent et alternent. Alors quand vient le froid, la période des fêtes, j’apprécie d’autant plus les lumières, l’odeur qu’il y a dans Paris… »

François CIVIL.

« J’ai accepté le fait que c’était compliqué »

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| PHOTO : CORINE MONNERIE, OUEST-FRANCE Souvent, le gâteau d’anniversai­re prend la forme d’une bûche.
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| PHOTO : COLLECTION PERSONNELL­E Olivier Legrain, né un 25 décembre.
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