Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Trente ans après le meurtre, l’enquête reprend
Le corps de Marie-Michèle Calvez a été découvert dans sa voiture, au Guilvinec en septembre 1994. Trente ans après, sa soeur a réussi à porter le dossier jusqu’au pôle des crimes oubliés à Nanterre.
Dans la nuit du 21 au 22 septembre 1994, entre Le Guilvinec et Penmarc’h, dans le Finistère, un véhicule incendié est retrouvé avec, à l’intérieur, le corps carbonisé d’une femme. Il s’agit de Marie-Michèle Calvez. Cette commerciale de talent qui vend des assurances aux marins- pêcheurs, femme indépendante de 40 ans, est bien connue dans le Pays bigouden.
Deux suspects, aucune mise en examen
Que s’est-il passé après son retour chez elle, vers 19 h ? Pourquoi n’a-telle pas rejoint son compagnon – un médecin des environs – vers 20 h, chez un artiste peintre, où le couple s’était donné rendez-vous ? Ce médecin n’a pas semblé s’inquiéter de son absence cette nuit-là. Mais après une garde à vue et quelques vérifications sur d’éventuels déplacements nocturnes, rien n’a permis de l’incriminer.
Un voisin et ami d’enfance de Marie-Michèle est également soup
çonné. Il finit par reconnaître avoir vu sa voisine cette nuit-là, alors qu’il avait d’abord soutenu l’inverse. Puis à nouveau, il dément et est pris de forts tremblements durant sa garde à vue. Mais contre lui non plus, aucune mise en examen ne sera prononcée.
« Très proche de la vérité »
Pourtant, Michel Alise, gendarme enquêteur de la section de recherches de Rennes, qui a travaillé sur le dossier, estime « qu’on est, à un moment, arrivé très proche de la vérité. Il y avait certainement deux personnes lors de la dépose et de l’incendie de la voiture. Peut- être
qu’aujourd’hui quelqu’un peut encore apporter des réponses. Pour moi, la porte n’est pas fermée ».
Ce dossier en suspens, une femme ne l’a jamais abandonné. Il s’agit de Catherine Calvez, la soeur de MarieMichèle. Bien des années après les faits, elle espère toujours des réponses. Aujourd’hui, avec son avocat, Me Didier Seban, elle a réussi à porter le dossier du meurtre de sa soeur jusqu’au nouveau pôle des crimes oubliés à Nanterre.
Réexamen des scellés
L’avocat souhaite un réexamen des scellés conservés et l’exploration de la piste de Michel Fourniret et de Monique Olivier. Cette dernière avait en effet de la famille dans le Finistère. « Aucune affaire ne résiste à l’enquête quand on a les moyens de la mener. Nous travaillons avec d’anciens enquêteurs. Et le combat de Catherine Calvez est tellement émouvant qu’on trouvera », assure-til.
Écoutez notre podcast « Recherche coupable » sur cette affaire.