Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Au coeur de la nuit avec les gendarmes de la route
La sortie d’une boîte de nuit de Carnac n’a pas échappé à l’Escadron départemental de sécurité routière du Morbihan. Dans le viseur des gendarmes, les conduites addictives et refus d’obtempérer.
« Le Trafic ! C’est le Trafic ! » Démarrage en trombe. Il est 4 h 30, ce dimanche matin et deux gendarmes se jettent dans une voiture. Demi-tour tonitruant au giratoire du purgatoire à Carnac (Morbihan), ils filent intercepter un Renault Trafic. Une demi-heure plus tôt, le même fourgon blanc a pris la fuite face aux agents. Un refus d’obtempérer à l’un des quatre points de contrôle en place, cette nuit-là.
La date n’a pas été choisie au hasard. Ce samedi 9 décembre, Le Duplex accueillait le rappeur Black M pour un show case. Vingt- cinq gendarmes, dont une équipe cynophile, ont été déployés afin de contrôler toute personne au volant venant et partant de la boîte de nuit. Le Renault Trafic s’est immédiatement rabattu sur le bas- côté. Après les vérifications de rigueur, il repart sans être inquiété.
Des conduites dangereuses
Plusieurs centaines de fêtards sont réunies dans la discothèque. Les conduites sous l’emprise d’alcool et de drogues qui pourraient y être associés sont visées. « Nous contrôlons aussi les travailleurs de nuit que nous voyons peu en journée », explique le capitaine Joseph Fraigneaud, qui commande l’Escadron départemental de sécurité routière.
Ses effectifs sont renforcés pour l’occasion. Afin de ne rien laisser passer, mais aussi pour des questions de sécurité. « Certains n’hésitent pas à
adopter une conduite dangereuse pour échapper à un contrôle. Ils sont prêts à se mettre en danger et nos effectifs avec pour s’y soustraire. » Des refus d’obtempérer qui ont explosé ces dernières années. Il y en aurait un toutes les 30 minutes en France. « Il y a deux ans, on en voyait beaucoup et là, ça s’est stabilisé, reconnaît le capitaine. Mais le rythme reste élevé. »
Des outils dissuasifs
Des moyens ont été mis en place pour les contrer. À commencer par les ralentisseurs mobiles placés. En test dans le Morbihan depuis un an et
demi, ils semblent faire leur preuve. « On valide à 200 %. Ils surprennent sans abîmer les véhicules. Ça calme et ça dissuade. C’est efficace, estime le capitaine Joseph Fraigneaud. Ces nouveaux équipements ont pas mal aidé ainsi que l’application de sanctions pénales fortes. »
Les caméras piétons ont aussi changé la donne pour les contrevenants. Prendre la fuite, c’est moins tentant quand on perd à tous les coups. « Les images nous permettent de retrouver les personnes. Les faits sont plus facilement judiciarisés sans se lancer dans une coursepoursuite dangereuse pour tous. »
Vers 5 h 10, les noctambules sont plus nombreux à reprendre la route. Le show n’a duré qu’une demi-heure. Le troisième point de contrôle est plus discret. Ralentisseur et éclairage nomade sont en place.
Six points et 135€ d’amende
Une petite Seat s’arrête. Son conducteur n’en mène pas large. Le couperet tombe. Le jeune homme présente un taux de 0,68 mg d’alcool par litre de sang. Il perd six points et 135 €. « Sa soirée ne se termine pas bien, mais ça aurait été pire s’il avait eu un accident », confie le capitaine.
Deux gendarmes s’affairent sur une petite Citroën. Le conducteur retient son souffle. Lui qui assurait avoir bu son dernier verre à 19 h est grillé. Ce jeune permis présente un taux juste au- dessus de la limite. « C’est dommage. Ses copains sont négatifs », s’étonne le gendarme. Le petit groupe repart tout de même avec le sourire. « C’est rare. »
À la fin de l’opération, dix infractions à l’alcool ont été relevées, dont six avec suspension du permis de conduire. Un défaut d’assurance et deux conduites sans permis ont également été sanctionnés. « Tant que nous avons de tels résultats, nous devons continuer d’être présents », conclut le capitaine Joseph Fraigneaud.