Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

En Tunisie, les oasis ne sont pas des mirages

Maghreb. Dans le sud- ouest du pays, la région de Nefta se distingue par ses écrins de palmes vertes, parsemés au milieu d’un océan d’or. Avec vue sur le désert ou sur les montagnes…

- Anne-Flore HERVÉ.

Dans les années 1970, la ville de Nefta et son oasis étaient une destinatio­n très prisée. « Ses 152 sources attiraient même des stars », assure Tahar. L’ancien instituteu­r, reconverti en guide, semble lui-même tout droit sorti d’un film. « On me dit souvent que je ressemble à Jean-Paul Belmondo », sourit l’homme avec malice. La ressemblan­ce est frappante. Quant aux stars, elles ne fréquenten­t plus les lieux. Les sources se sont taries et le Sahara Palace a fermé ses portes depuis plus de dix ans…

L’horizon prend du relief

Pourtant, le charme hypnotique de la « corbeille de Nefta » – une crevasse dans laquelle s’étend la palmeraie – aimante toujours autant. Quant à l’histoire de la ville, elle est fascinante.

« Elle comptabili­se 117 mausolées. C’est le deuxième lieu saint du pays », commence Tahar. Romains, califes, sunnites, chiites… L’érudition du « musulman laïque » remonte le temps dans un débit rapide et captivant. Il s’arrête devant une porte bleue avec trois poignées – « pour les hommes, les femmes et les enfants » – et une étoile de David.

« Elle témoigne du fait que toute une communauté juive a vécu ici jusqu’à la fin des années 1960. Enfants, nous jouions ensemble… » achève le guide, avant de donner rendez-vous

le lendemain « à 8 h 30, précises ».

Entre-temps, les plus motivés ont pu assister au lever du soleil au- dessus de Chott El- Jerid, le lac salé desséché, annonçant une journée prometteus­e…

Tout commence par une traversée du désert. Une heure de voiture plus tard, l’horizon prend du relief. Une montagne aride et ocre apparaît, un écrin de palmes vertes se dresse, niché à l’intérieur. Non, ce n’est pas un mirage, mais bien l’oasis de Chebika et son village fantôme. « Il a été abandonné en 1969 à cause des fortes pluies», explique Tahar.

Les villages de Tamerza et de Midès ont connu le même sort. « Jusqu’aux années 1970, il pleuvait trois à quatre mois par an, rappelle le gui

de. Maintenant, ça ne dépasse pas quinze jours et le débit de la source de Chebika a fortement diminué. »

Sur la route, la vue panoramiqu­e sur l’Atlas saharien permet de percevoir, au milieu du relief doré, le vert de la deuxième oasis de montagne, celle de Tamerza. Grandiose… et ce n’est pas fini. Coincée entre l’Algérie et des gorges, celle de Midès prend des airs de décor de cinéma, avec un Tahar,

intarissab­le, dans le rôle principal.

Siroter un thé berbère à l’amertume sucrée et arpenter le canyon asséché haut de 90 m sont deux sensations inoubliabl­es. La journée a tenu ses promesses et se termine par une nouvelle traversée du désert. Cette fois- ci en direction de Tozeur, la ville aux 400 000 palmiers dattiers…

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 ?? PHOTO ANNE-FLORE HERVÉ ?? La corbeille de Nefta, dans le sud-ouest de la Tunisie, près de la frontière avec l’Algérie.
PHOTO ANNE-FLORE HERVÉ La corbeille de Nefta, dans le sud-ouest de la Tunisie, près de la frontière avec l’Algérie.
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L’oasis de Chebika, les décors de « Star Wars » et le canyon de Midès.
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| PHOTO : ANNE-FLORE HERVÉ

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