Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Noël et son traîneau d’émotions

Les fêtes sonnent le temps des retrouvail­les familiales. Sentiments, souvenirs et espoirs sont au rendez-vous. Comment éviter les sujets qui fâchent et s’assurer d’une bonne ambiance ?

- Fabienne MARAIS.

« Noël, c’est une trêve, rappelle Samuel Dock, psychanaly­ste (1), un moment suspendu que l’on espère parfait. C’est aussi un marqueur temporel, la fin d’une année, l’heure des bilans. »

Certains adultes rêvent de retrouver leurs émotions d’enfance, la magie de la fête. Ils en attendent beaucoup et peuvent être déçus. « Le mieux est de modérer ses souhaits, de relativise­r, de ne pas s’imposer d’enjeux intenables. Profitez simplement de cette parenthèse partagée. Le repère, c’est le plaisir de se retrouver. »

Quand tonton Raymond dit des bêtises

Pour conserver l’harmonie, on privilégie l’unité du groupe. « Donc pas de règlements de comptes ce jourlà. S’il y a eu des conflits, ce sera difficile de garder ses blessures pour soi. » Mieux vaut anticiper pour évacuer les différends. « Soit par une discussion avec la personne concernée, si c’est possible, soit par l’écriture, soit par un travail avec un psychothér­apeute. On se libère ou bien on n’y va pas. »

L’échange de cadeaux peut aussi entraîner des frustratio­ns et marquer des différence­s de sentiments ou de moyens. « Il y a parfois des situations embarrassa­ntes. Un cadeau, c’est un langage, ce n’est pas superficie­l. »

Pour que la fête soit réussie, on montre le meilleur de soi-même, on exprime sa joie, on participe. « Mais cet impératif peut provoquer des blocages, des angoisses difficiles à contenir. » Surtout quand les sujets sensibles s’invitent à table.

« Il faut venir en connaissan­ce de cause et accepter de ne pas avoir le contrôle sur les autres. Si tonton Raymond tient toujours des propos inopportun­s, il va sûrement une fois de plus enchaîner sur une idée qui dérange… »

Évitez, bien sûr, les questions politiques, et toute actualité pouvant susciter des débats houleux.

« Si quelqu’un a un discours choquant, ne le faites pas taire frontaleme­nt, laissez le sujet s’épuiser. Évitez de répondre, essayez de changer de thème en douceur. Parlez moins fort que lui, il tendra l’oreille. Préférez le « je » au « tu » ou au « vous ». Privilégie­z les échanges conviviaux en sollicitan­t les anciens. Profitez de leur présence pour vous intéresser à nouveau à l’histoire familiale, pour évoquer les souvenirs et les disparus », suggère Samuel Dock. (1) Docteur en psychopath­ologie, psychologu­e clinicien et auteur de L’enfant thérapeute, éditions Plon.

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| PHOTO : ILLUSTRATI­ON CHARLES DUTERTRE

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