Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Noël et son traîneau d’émotions
Les fêtes sonnent le temps des retrouvailles familiales. Sentiments, souvenirs et espoirs sont au rendez-vous. Comment éviter les sujets qui fâchent et s’assurer d’une bonne ambiance ?
« Noël, c’est une trêve, rappelle Samuel Dock, psychanalyste (1), un moment suspendu que l’on espère parfait. C’est aussi un marqueur temporel, la fin d’une année, l’heure des bilans. »
Certains adultes rêvent de retrouver leurs émotions d’enfance, la magie de la fête. Ils en attendent beaucoup et peuvent être déçus. « Le mieux est de modérer ses souhaits, de relativiser, de ne pas s’imposer d’enjeux intenables. Profitez simplement de cette parenthèse partagée. Le repère, c’est le plaisir de se retrouver. »
Quand tonton Raymond dit des bêtises
Pour conserver l’harmonie, on privilégie l’unité du groupe. « Donc pas de règlements de comptes ce jourlà. S’il y a eu des conflits, ce sera difficile de garder ses blessures pour soi. » Mieux vaut anticiper pour évacuer les différends. « Soit par une discussion avec la personne concernée, si c’est possible, soit par l’écriture, soit par un travail avec un psychothérapeute. On se libère ou bien on n’y va pas. »
L’échange de cadeaux peut aussi entraîner des frustrations et marquer des différences de sentiments ou de moyens. « Il y a parfois des situations embarrassantes. Un cadeau, c’est un langage, ce n’est pas superficiel. »
Pour que la fête soit réussie, on montre le meilleur de soi-même, on exprime sa joie, on participe. « Mais cet impératif peut provoquer des blocages, des angoisses difficiles à contenir. » Surtout quand les sujets sensibles s’invitent à table.
« Il faut venir en connaissance de cause et accepter de ne pas avoir le contrôle sur les autres. Si tonton Raymond tient toujours des propos inopportuns, il va sûrement une fois de plus enchaîner sur une idée qui dérange… »
Évitez, bien sûr, les questions politiques, et toute actualité pouvant susciter des débats houleux.
« Si quelqu’un a un discours choquant, ne le faites pas taire frontalement, laissez le sujet s’épuiser. Évitez de répondre, essayez de changer de thème en douceur. Parlez moins fort que lui, il tendra l’oreille. Préférez le « je » au « tu » ou au « vous ». Privilégiez les échanges conviviaux en sollicitant les anciens. Profitez de leur présence pour vous intéresser à nouveau à l’histoire familiale, pour évoquer les souvenirs et les disparus », suggère Samuel Dock. (1) Docteur en psychopathologie, psychologue clinicien et auteur de L’enfant thérapeute, éditions Plon.