Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Concarneau éteint les lumières à Guingamp
Dominateur mais inefficace, Guingamp n’a pas su profiter de l’anniversaire de son Kop pour enchaîner, puni par une équipe de Concarneau qui a réussi à gâcher la fête... Et se donner de l’air.
À dire vrai, il y avait tout. Les bouchons des grands soirs dans la ville. Les files d’attente aux contrôles de sécurité, des sourires dans le froid, un dernier match de l’année, des familles, une très belle affluence. Et le Kop Rouge, qui a choisi ce derby pour fêter ses 30 ans. Avec une longue procession, 500 personnes dans les rues de Guingamp, joyeux foutoir jusqu’au stade, où tifos, chants et ambiances dessinent les contours d’une soirée où En Avant avait l’occasion d’enchaîner pour la première fois deux victoires consécutives en championnat.
Raté. Parce que Concarneau était là pour tout envoyer valser : la nappe, le repas, le rythme du match et les espoirs costarmoricains. « On s’attendait à souffrir. On le savait. Dans une très belle ambiance, face à une belle équipe qui joue le haut de tableau. Mais on a été performants défensivement. Et on a réussi à être efficace sur la première grosse occasion qu’on a. »
Stéphane Le Mignan a analysé cette victoire, ô combien importante dans la saison concarnoise, avec « beaucoup d’humilité ». Parce que si ce n’est peut- être pas la définition exacte d’un hold-up, « on sait qu’on a été dominés par cette équipe de Guingamp. On a été courageux, solidaires, on n’a pas fait d’erreur. C’est un match qui a tourné du bon côté ». Quand on est Finistérien, en tout cas. Comme rarement cette saison.
« Pas envie de tout chambouler »
Parce que pour En Avant, le coup fut difficile à encaisser. En plus d’un joueur blessé (Pierre Lemonnier) à déplorer, le décompte des situations manquées a sûrement gâché la nuit. « Comme le plus souvent, mon gardien n’a pas d’arrêt à faire, regrette Stéphane Dumont. Mais on manque de justesse, alors qu’on a les situations pour décanter ce genre de matches. Et tant que vous ne marquez pas… » Vous êtes à la merci d’un duel perdu, d’une mauvaise relance d’un défenseur et d’un but encaissé (70’). Ou des caprices de la barre transversale qui repousse la tête de Baptiste Guillaume une minute plus tôt. Ou de coups de pied arrêtés à qui il manque quelques centimètres dans les dernières secondes du match.
En fait, comme ce fut le cas parfois, surtout à domicile, Guingamp a bégayé dans les derniers mètres. Parce que dans presque tous les compartiments, cette équipe est en maîtrise. Mais à l’heure de conclure, la machine s’enraye. Encore plus quand Concarneau, qui a eu une balle de 2- 0 mal négociée par Ba dans le dernier quart d’heure, se la joue briscard dans les instants importants et peut rivaliser dans le jeu aérien avec
sa paire de défenseurs centraux Guillaume Jannez - Julien Célestine.
« On est une des équipes qui avancent le plus en Ligue 2, on récupère des ballons, mais il nous manque l’efficacité, appuie l’entraîneur d’En Avant. C’est un match de bonne facture, quand vous sortez de cette rencontre-là, vous n’avez pas envie de tout chambouler. Mais le foot, c’est de l’efficacité. »
Et cela manque cruellement dans certains moments clés de la saison à cette équipe, costaude, cohérente et généreuse, mais qui n’a jusqu’ici jamais réussi à enchaîner deux succès d’affilée en Ligue 2. C’est là son plafond, à un match (pas n’importe lequel, chez le leader angevin) de boucler la phase aller.
Des histoires de plafond bien loin des considérations de Concarneau, tout occupé à gâcher la fête du voisin et à se donner de l’air au classement, avec désormais trois points d’avance sur Bordeaux et la zone rouge. « On voulait stopper cette série de trois défaites en championnat. En essayant de garder du contenu, même si pas assez je trouve », dixit Le Mignan. Il y eut en tout cas des valeurs. Pas du sens de la fête, mais d’abnégation, de souffrance. Ce qui compte quand on veut se maintenir.