Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Fraternité entre ultras, une inspiration italienne
Né sous le soleil de la Botte, le mouvement ultra s’est forgé à travers les rivalités entre les groupes de supporters, mais a également vu naître des amitiés, plus ou moins durables. À l’image d’une tribu qui partirait à l’assaut d’un même adversaire avec ses alliés, les ultras transalpins ont ressenti le besoin de s’unir dès le courant des années 1970.
« En France, les premiers groupes ultras recherchaient des amitiés de l’autre côté des Alpes, pour apprendre et se prévaloir de liens avec les ultras italiens. Ils étaient la référence absolue », développe Nicolas Hourcade. Au fil des années, les amitiés se sont façonnées grâce aux correspondances, incontournables au sein du mouvement.
« Le jumelage entre ultras, plus fort que l’amitié »
« Les ultras de différents clubs européens échangeaient des cassettes audio, des photos, du matériel… Des relations fortes pouvaient se nouer et de ces relations individuelles pouvaient déboucher une amitié entre groupes », rapporte le sociologue. Cette fascination pour l’Italie amène de nombreux groupes de l’Hexagone à passer la frontière, pour s’imprégner de la culture locale.
À Marseille, le Commando Ultra a, par exemple, noué une relation forte
avec les Ultras Tito Cucchiaroni de la Sampdoria, à Gênes, avant d’aller encore plus loin, en officialisant un jumelage dans les années 1990 (désormais plus d’actualité).
« Le jumelage est plus fort que l’amitié, abonde Nicolas Hourcade. En Italie, ça se concrétisait par des échanges de drapeaux et des tours d’honneur sur la pelouse avant la rencontre, des matches en levée de rideau entre supporters. C’est une officialisation très forte de l’amitié. »
Et offrir des scènes de liesse marquantes, comme lorsque l’OM et l’AEK Athènes se sont affrontés en Ligue Europa cette saison, au Vélodrome et en Grèce.