Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Avant l’Olympe, une troisième étoile à broder
Championnat du monde (finale). France – Norvège, aujourd’hui (19 h). Les Bleues, impériales depuis deux semaines, ont une dernière marche à gravir pour aller chercher un troisième sacre mondial.
C’était il y a un an. Quasiment jour pour jour. L’équipe de France de football passait proche de frapper une troisième étoile au maillot bleu. Aujourd’hui, les handballeuses françaises ont une chance, à leur tour, de glaner un troisième titre mondial. Vingt ans après le premier. Après un parcours impeccable, elles retrouvent la Norvège, son tourmenteur de ces dernières années qu’elle a cependant battu il y a une semaine.
Les Scandinaves avaient ainsi privé les Bleues d’une troisième étoile (après 2003 et 2017) en 2021 (29-22), un an après les avoir dominées en finale de l’Euro (22-20), déjà à Herning (Danemark) mais sous confinement, et un an avant de les éliminer en demi-finales de l’Euro (28-20). « Il y en a marre sincèrement », lâche Chloé Valentini, ailière gauche des Bleues reparties, selon Estelle Nze Minko, avec « beaucoup d’amertume » de Slovénie l’an passé. « On avait le sentiment de ne pas avoir joué notre jeu, d’être dans le faux », a développé la capitaine, qui avec ses équipières et le sélectionneur Olivier Krumbholz, sont dès lors convaincues « qu’il fallait prendre un autre chemin ». « Et on l’a pris », dit- elle.
« Naines qui courent vite »
En vue de la défense du titre olympique à Paris en 2024, décision est prise d’ouvrir le chantier du jeu sur attaques placées, traditionnel point faible des Bleues. Tout en renforçant l’une de leurs armes décennales, ces montées de balle rapides qui punissent et asphyxient l’adversaire devant une défense de fer. Nze Minko sent « qu’une étape a encore été passée sur cette compétition » dans ce secteur par elle et sa « bande de coureuses ». La capitaine développe l’expression : « Olivier s’amuse à nous dire parfois, sur le ton de la plaisanterie, quand il est un peu fâché parce qu’on fait des choses qui ne fonctionnent pas : “Vous savez qui vous êtes ? Vous êtes une
bande de naines qui courent vite !” »
Une bande privée de sa cheffe de défense depuis des décennies, Béatrice Edwige, écartée pour laisser place à la relève (Sarah Bouktit), et qui a remporté tous ses matches depuis son arrivée en Scandinavie (Norvège puis Danemark). Alors qu’elle s’y présentait sans réel objectif autre que celui de mesurer ses progrès avant le grand rendez-vous olympique. Mais maintenant, après la démonstration réalisée en demi- finales contre la Suède (37-28), « tout le monde veut le titre » selon Pauletta Foppa, nouvelle patronne de la défense, à quelques jours de ses 23 ans.
Pour le conquérir, la pivot et ses partenaires devront battre une deuxième fois en sept jours la Norvège, douchée dimanche dernier à la maison à Trondheim (24-23) en conclusion du tour principal. « On sait très bien que ce ne sera pas le même match. Il ne va pas falloir non plus se
mettre une pression énorme, car quand on joue avec la pression, on n’est pas nous-mêmes, on stresse un peu et on met le frein à main. On n’a rien à perdre, juste à kiffer, jouer toutes ensemble et gagner », relève Foppa.
La pivot aura de nouveau un rôle clé pour perturber la mécanique norvégienne et bloquer, par ses montées en pointe, l’arrière gauche Henny Reistad (1,81 m), probablement la meilleure joueuse du monde, qui a inscrit quinze buts (dont tous ceux de son équipe en prolongation) en demifinales face au Danemark (24-23). « Peut- être que les Danoises n’ont pas trouvé où il fallait mettre le grain de sable pour la mettre en difficulté. On va s’y atteler », souligne, malicieux, Krumbholz, annonçant « préparer quelques adaptations » par rapport au succès de dimanche dernier. La menace tricolore est, elle, plus diffuse, selon Nze Minko : « Il
faut faire attention à tous les secteurs. J’aime ça. Cela crée énormément de danger, c’est très dur à préparer pour nos adversaires. »
Il en reste un à passer pour accrocher, vingt ans après la première, une troisième étoile qui brillerait d’un éclat particulier à sept mois des JO.
FRANCE : Glauser (g.), Toublanc, Valentini, Zaadi, Horacek, Foppa, Nze Minko. Remplaçantes : Sako (g.), Nocandy, C. Lassource, Flippes, Kanor, D. Lassource, Granier, Bouktit, Grandveau. Sél. : O. Krumbholz. NORVÈGE : Lunde (g.), Aardahl, Skogrand, Mork, Bakkerud, Hareem, Reistad. Remplaçantes : Solberg (g.), Brattset Dale, Breistol, Ingstad, Novak, Solberg- Isaksen, Hovden, Deila. Sél. : T. Hergeirsson.
Programme. 16 h, match pour la troisième place : Suède – Danemark. 19 h : finale : France – Norvège.