Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Aurélie est l’elfe du Père Noël en Laponie !
À quelques pas du pôle Nord, scintille le village de Kelo Kaïra, où le Père Noël a élu domicile. Et pour l’épauler, il peut compter sur sa troupe d’elfes, avec à sa tête la facétieuse Aurélie Delattre.
La légende raconte que, dans un endroit fort lointain, perdu au milieu d’un horizon de neige infini, dissimulé entre des montagnes recouvertes de sapins, se cache le repaire du plus célèbre barbu du monde… Et devinez quoi ? Nous l’avons trouvé ! Bienvenue au petit village de Kelo Kaïra, en Laponie finlandaise, à 200 km au nord du Cercle polaire.
Les visiteurs peuvent y goûter les cookies de la Mère Noël ; faire un crochet par la poste et ses milliers de lettres d’enfants ; caresser Comète et Cupide, les deux rennes ; griller des marshmallows au coin du feu ; se faufiler dans la salle des cadeaux ou encore… rencontrer le Père Noël.
L’elfe, guide et amuseur
Un lieu hors du temps, façonné par la magie des fêtes, qui ne serait rien sans sa petite troupe d’elfes malicieux. Et parmi cette dizaine de lutins venus des quatre coins du globe, une Française ! Aurélie Delattre à la ville, Starlight lorsqu’elle enfile son costume vert et rouge.
Cette globetrotteuse de 26 ans, originaire de Lille et diplômée en tourisme, vadrouille au gré des saisons, guidée par ses « envies et les offres d’emploi ». Mais depuis trois ans, chaque hiver, notre passionnée de voyages pose ses valises en Laponie. Cette année, le décalage est brutal, Aurélie quitte la chaleur de l’Australie pour les – 10 °C à – 40 °C du Grand Nord. « Ça me convient beaucoup mieux, nous rassure- t- elle. Quatre couches d’habits et c’est parti ! »
Employée pour une saison de novembre à janvier par Lapland Safaris, une entreprise d’animation touristique, Aurélie est donc… « une elfe ». Un personnage mystique, un conteur, là pour guider les visiteurs, les amuser et entretenir le mythe de Noël dans le petit village traditionnel. Ce travail, elle le découvre en 2021 en faisant des recherches d’emploi en ligne. « La Laponie, c’est un rêve d’enfant. Et j’ai trouvé ça tellement improbable, que je me suis dit : pourquoi pas ! » Aurélie dépose un CV, est rappelée pour un entretien à distance et, jackpot, elle est prise. « Ils recherchent évidemment des gens qui parlent plusieurs langues. Mais ce qui compte le plus, c’est l’enthousiasme, l’originalité qu’on dégage, parce que ce n’est pas un job de bureau. Il faut être de bonne humeur 24 h/24. »
Mais pour être un bon lutin, un passage par l’école des elfes s’impose ! « Vous avez plusieurs jours de formation pour trouver votre elfe intérieur (rires). » Au programme : essayage du costume, travail du personnage, de l’improvisation, des parcours de visite… « On nous enseigne aussi des blagues de Noël, des chants, des histoires et des légendes à raconter. »
Aller au boulot en traîneau
Car il faut être préparé à voir jusqu’à 450 personnes de toutes les nationalités par jour, presque tous les jours, de 9 h à 18 h. « C’est court mais très intense », insiste la jeune femme, récemment nommée manager des elfes.
Ajoutez le froid et à peine deux heures d’ensoleillement par jour, la fatigue se fait parfois ressentir. « Mais on se reprend vite quand on voit le cadre de travail. La forêt enneigée, les aurores boréales… On se pince pour se convaincre que c’est vrai. Je vais travailler en traîneau alors que certains sont coincés dans le RER B, c’est extraordinaire. » Extraordinaire, c’est le terme lorsque son collègue de machine à café n’est autre que le Père Noël. Un type « très sympa » mais « qui reste humain, avec ses hauts et ses bas », confie dans un clin d’oeil notre elfe infiltré.
Toutes ces créatures légendaires vivent en collectivité, hébergées localement et rémunérées 9 à 11 € de l’heure. « On rencontre des gens du monde entier, on se sert les coudes. C’est l’expérience d’une vie, résume la jeune femme. Dans quarante ans, on pourra le raconter à nos petits enfants. »
En ce soir de 24 décembre, les oreilles pointues auront le droit à une pause bien méritée, autour d’un repas loin de leurs proches, mais avec leur famille d’adoption. « Et puis de toute façon, le Père Noël sera sur son traîneau, sourit Aurélie. Les elfes ont fait leur travail, à lui de bosser maintenant, chacun son tour ! »