Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Trésor du breton écrit

Quand le diable s’invite à Noël et offre les plus jolis botoù-koad (sabots de bois) à la fille du meunier.

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L’imaginaire breton est fertile. Il réussit à placer des histoires diabolique­s le jour même de la nativité du Christ. Un conte de la région de Bannalec nous raconte ceci : peu avant minuit, les groupes de fidèles vont à la messe en chantant Kanomp Noël, Ganet eo Jezus hor salver (Chantons Noël, notre sauveur Jésus est né).

Pendant ce temps, Léna la fille du meunier prépare le traditionn­el repas : Emberr e vo an tan e skod an Nedeleg, ar soubenn o vitoniñ war an tan, ar silzig hag ar gwadigenno­ù er pladoù, leun e oa ar gegin gant blaz c’hwek ar c’hig rostet en amann. (Tout à l’heure, on mettra le feu dans la bûche de Noël, la soupe mitonnera sur le feu, les saucisses et le boudin dans les plats, la cuisine se remplira du fumet de la viande rôtie dans du beurre). Et, seule dans la maison, elle entend : Tok, Tok, Bout zo moien mont en ti, Lena ? Rust eo an amzer ha me garfe tommañ un tammig. (Toc, toc, puis- je rentrer Léna ? Avec le mauvais temps, j’aimerai me chauffer un peu).

Solidarité bretonne oblige, Léna ouvre : Tostait da dal an tan, da dommañ diouzh skod an Nedeleg (Approchez-vous du feu et réchauffez-vous à la bûche de Noël).

Le visiteur du soir qui se présente comme sabotier lui offre alors une paire de sabots : Na brav e oant gant o liv luc’hus evel aour, o bokedoù brikemarde­t, ur re botoù a jaoje d’ur rouanez (Qu’ils étaient beaux avec leur couleur brillante comme l’or, leurs fleurs bariolées, des sabots de reine). Léna les essaye : Benn e oant lakaet dezhi e savas en he fenn sonjoù a-beb-seurt, ha ne voent ket hag ar re santelañ anezho… Nag ur fulenn ! Perak n’em eus ket-me bragerizoù ha diamantoù evel an Intronezed (Quand elle les mit, elle fut prise d’un tournis de pensées qui n’étaient pas très chrétienne­s… Que je suis belle ! Pourquoi n’aurais-je pas des diamants et des bijoux comme les grandes dames ?)

Le visiteur du soir, croyant avoir gagné la partie laisse tomber son manteau : Gwelet e veze spis ha splann e dreid fourchek hag an daou gornig a save war lein e benn (On voyait clairement ses pieds fourchus et les deux petites cornes sur sa tête).« Jezus, Maria » a huchas hi en ur groazañ he daouarn hag e vannas ar botoù kaer en tan (« Jésus, Marie », s’écria-t- elle en joignant les mains, et elle jeta les beaux sabots au feu). Le diable était vaincu et Léna oublia ses rêves de bijoux et de sabots de princesse.

Retrouvez ce conte sur www.tresorbret­on.bzh

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