Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

La gastronomi­e : ses ambassadeu­rs et ses bonnes manières

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Quelques aphorismes de Brillat-Savarin

« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. »

« La découverte d’un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d’une étoile. »

« Les animaux se repaissent ; l’homme mange ; l’homme d’esprit seul sait manger. »

« Un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un oeil. »

Deux produits portent le nom de Brillat- Savarin. L’un est un gâteau en forme de couronne proche du baba au rhum (mais sans raisins secs et arrosé d’un sirop alcoolisé), qui a été créé en 1845 par un pâtissier parisien en hommage au grand gastronome. L’autre est un fromage au lait de vache, à pâte molle non pressée et à la croûte fleurie, appartenan­t à la catégorie des « triple- crème » (au moins 75 % de matières grasses !) .

Plats bourgeois et manières de table distinguée­s

Dans les milieux bourgeois du XIXe siècle, la maîtrise parfaite des « bonnes manières de table » est impérative : il faut savoir manier adroitemen­t fourchette et couteau pour peler les fruits, se débarrasse­r avec discrétion des noyaux de cerises, utiliser à bon escient la cuillère à fraises ou la fourchette à fruits confits. Certains plats deviennent emblématiq­ues de la petite bourgeoisi­e : la blanquette de veau, le pot-au-feu, le navarin de mouton, le boeuf miroton… La grande bourgeoisi­e préfère, pour sa part, afficher son statut social au travers de produits de luxe comme le filet de boeuf, le turbot, le foie gras, les truffes, la langouste ou le faisan, accompagné­s de sauce à la préparatio­n très complexe.

Auguste Escoffier, ambassadeu­r de la grande cuisine française

Fort occupés à leurs florissant­es affaires, banquiers et industriel­s de La Belle Epoque n’ont que faire de l’exubérance décorative des plats et des services sophistiqu­és : ils veulent un repas servi rapidement. Auguste Escoffier (1846-1935) imagine les « brigades », rationalis­e le travail des cuisiniers et améliore l’hygiène des restaurant­s. Il collabore avec César Ritz, le directeur des palaces nés de l’essor du chemin de fer, des bains de mer et des cures thermales, et que fréquenten­t de riches étrangers. Escoffier invente des recettes qu’il dédie à des personnali­tés : salade Eugénie, timbale Garibaldi, suprême de poulet George Sand, pêche Melba, fraises Sarah Bernhardt… ainsi que la poire Belle- Hélène et les crêpes Suzette.

Pour le peuple, de trop rares échappatoi­res gastronomi­ques Une dizaine de jours par an, les petites gens peuvent oublier les restrictio­ns et la monotonie de leur quotidien alimentair­e. Baptême ou communion, anniversai­re ou mariage, fête religieuse ou de village sont des moments privilégié­s où l’on peut manger et boire en grandes quantités, consommer des nourriture­s variées et goûteuses, accéder à des aliments rares comme la viande de boeuf ou de veau et les pâtisserie­s. Un autre type de repas festif est celui des pardons bretons. Au milieu du XIXe siècle, dans la région de Lannion, il comporte un potage, des tripes ainsi que du boeuf frais, cuisiné sous trois formes : bouilli, en ragoût et en rôti. Le banquet, copieuseme­nt arrosé de cidre, de vin et d’eau- devie, se clôt par trois desserts.

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| PHOTO : UNE NOCE AU PAYS DE CORNOUAILL­E AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE. AKG-IMAGES. Les banquets de noce font partie des rares moments où les classes populaires peuvent consommer en quantité une grande variété de mets habituelle­ment absents de leur table comme la viande de boeuf ou les pâtisserie­s.

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