Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Mickey Mouse entre dans le domaine public

Après 95 ans d’existence, la célèbre souris aux grandes oreilles entre, à partir de demain, dans le domaine public. Mais Disney, qui perd les droits exclusifs de sa mascotte, reste sur ses gardes.

- Margot FERREIRA.

C’est une échéance que Disney redoutait de longue date. À partir de demain, Mickey Mouse entre dans le domaine public. Un moment symbolique et attendu qui ouvre la voie à de potentiell­es reprises, adaptation­s et produits dérivés, mais aussi à des batailles judiciaire­s avec Disney.

« Il est important de savoir qu’il ne s’agit que de la première version de Mickey, celle sur son bateau à vapeur », précise Alexandre Bohas, professeur à l’Essca (école de commerce) et auteur, entre autres, de Disney : un capitalism­e mondial du rêve (L’Harmattan).

Sans le short rouge et les chaussures jaunes

Les seules versions pouvant être reproduite­s sont celles des deux premiers courts métrages, Steamboat Willie et Plane Crazy, dans lesquels sont apparus Mickey et Minnie Mouse pour la première fois en 1928. Exit donc le short rouge, les chaussures jaunes et le chapeau de magicien ajoutés par Disney.

Les versions ultérieure­s des personnage­s, dont celles apparaissa­nt dans le dessin animé Fantasia, sorti en 1940, restent encore en dehors du domaine public et ne pourront être copiées sans l’aval de Disney.

« Disney a quand même réussi à

repousser plusieurs fois l’échéance prévue dans la loi américaine, ce qui est incroyable », souligne Alexandre Bohas. Le géant américain se bat depuis des décennies pour garder les droits d’auteur exclusifs de sa souris aux grandes oreilles, qui lui rapporte en moyenne 5,8 milliards de dollars (5,2 milliards d’euros) par an d’après une estimation de Forbes. En 1928, le copyright prévoit de protéger Mickey et son bateau à vapeur pendant cinquante- six ans, soit jusqu’en 1984. Mais peu avant l’échéance, Disney parvient à obtenir un nouveau Copyright Act qui lui offre

dix- neuf ans de répit. Dans les années 1990, rebelote. Alors que le copyright doit s’arrêter en 2003, le studio obtient une nouvelle prolongati­on de vingt ans, ironiqueme­nt surnommée Mickey Mouse Protection Act. L’entreprise a par ailleurs ajouté une scène emblématiq­ue du Bateau à vapeur de Willie en ouverture de tous les films d’animation produits par ses studios, la transforma­nt en marque déposée.

Alors, même si sa souris tombe dans le domaine public, Disney compte bien garder un oeil dessus, assurant « travailler à mettre en place des garde-fous pour éviter toute confusion chez les consommate­urs liée à des utilisatio­ns non autorisées de Mickey ou d’autres personnage­s emblématiq­ues ».

« Disney a une armée d’avocats prête à les défendre, ajoute Alexandre Bohas. Ce personnage, pour eux, c’est une véritable exploitati­on lucrative. Peut- être qu’on pourra utiliser les oreilles qu’on voit aujourd’hui partout à Marnela-Vallée sans payer de royalties à Disney, mais Mickey est un tel emblème, un tel mythe, qu’il est risqué de vouloir le reproduire. »

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| PHOTO : ROBYN BECK, AFP Mickey première version (à gauche) pourra être repris et adapté.

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