Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Huîtres contaminée­s : pourquoi autant de cas ?

Quelles sont les zones où on ne peut pas manger d’huîtres ? Pourquoi certaines rendent- elles malades ? À l’approche du réveillon, Ouest-France répond à vos questions sur le festif coquillage.

- Jean-Marie CUNIN.

Depuis la mi- décembre, les huîtres françaises inquiètent. À l’approche des fêtes de fin d’année, moment de dégustatio­n phare des mollusques, elles sont touchées par un virus.

Quelles sont les zones concernées par l’interdicti­on de vente ? La première zone se situe au nord de la baie de Bourgneuf, en Loire-Atlantique. Elle est concernée depuis la mi- décembre. Les cas se sont étendus depuis au Morbihan, dans le bassin d’Arcachon, et en Normandie, du côté de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche) et dans deux zones du Calvados. « Des zones très limitées, sur plus de 375 sites de production en France », rappelle Hervé Berville, le secrétaire d’État à la Mer.

À moins d’une décision des autorités locales, toutes les huîtres des autres zones vendues peuvent être consommées.

La fraîcheur des huîtres est- elle en question ?

« Ce n’est absolument pas lié à la qualité des huîtres. Nous avons un système très rigoureux sur la protection des consommate­urs », martèle l’ancien député costarmori­cain. Les huîtres ne sont d’ailleurs pas directemen­t responsabl­es, puisqu’il s’agit, à chaque fois, de contaminat­ion par un virus appelé norovirus, qui provoque

des gastro- entérites. Il est présent parfois à haute concentrat­ion dans la chair des précieux coquillage­s.

Pourquoi les huîtres sont- elles contaminée­s ?

Quand il pleut trop, les systèmes d’eaux usées peuvent déborder et de l’eau souillée vient contaminer les production­s d’huîtres. Or, en hiver, « il pleut beaucoup, et dans la population, le norovirus circule plus facilement. Il peut se retrouver dans le milieu naturel s’il y a un problème avec les systèmes de gestion des eaux usées », résume Yann Reynaud.

Les producteur­s d’huîtres, qui réalisent une bonne partie de leur chiffre d’affaires annuel – parfois jusqu’à 70 % – entre Noël et le Jour de l’an, dénoncent des infrastruc­tures d’assainisse­ment trop petites.

« La concordanc­e de ces deux phénomènes provoque des fermetures de zones de production inévitable­s », ajoute ce scientifiq­ue qui travaille à l’Ifremer (l’Institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer) et qui coordonne le Remi (Réseau de contrôle microbiolo­gique).

D’autres zones vont- elles être concernées ?

« On ne peut pas tirer de conclusion­s à partir du faible nombre de zones touchées », prévient Hervé Berville. Les huîtres sont particuliè­rement surveillée­s en France, notamment par le Remi. Ce réseau surveille toute l’année les mollusques, avec des « prélèvemen­ts généraleme­nt mensuels. Nous pouvons aussi déclencher des prélèvemen­ts opportunis­tes en cas d’accident ou de pollution », précise Yann Reynaud.

Le Remi dispose aussi d’un système d’alerte : en cas de « pluviométr­ie importante ou de débordemen­ts des eaux usées, nous effectuons un échantillo­nnage sur le terrain dans les 24 à 48 heures maximum », explique le biologiste.

En fonction des résultats, la fermeture de la zone peut être décrétée. En cette fin d’année, « nous avions des alertes préventive­s (sans contaminat­ion déjà avérée) partout », rappelle Yann Reynaud.

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| PHOTO : GUILLAUME SALIGOT / OUEST-FRANCE Un plateau d’huîtres creuses.

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