Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Six faits méconnus sur le réveillon du Nouvel an

Comme le veut la tradition, le passage à la nouvelle année sera célébré ce soir, à minuit. Mais d’où viennent les codes et coutumes qui collent à cette fête ? Explicatio­ns.

- Gautier DEMOUVEAUX.

Le réveillon, une invention de la Première Guerre mondiale En 1915, alors que les soldats sont dans les tranchées depuis près d’un an et demi et que le conflit s’est enlisé, l’état-major décide, pour soutenir le moral des troupes, d’égayer un peu le quotidien des Poilus.

L’intendance de l’armée française fait distribuer des « paniers de fête » sur le front de la Meuse, comprenant une bouteille de vin mousseux pour quatre soldats, avec instructio­n de la déboucher à minuit. Dedans, on retrouve aussi, par personne, 100 grammes de jambon, 75 grammes de confiture, une orange, deux pommes et un cigare. Les années suivantes, l’opération est reconduite et généralisé­e à l’ensemble du front de l’Ouest. Après l’Armistice de 1918, les soldats démobilisé­s rentrent dans leurs foyers avec cette tradition du passage à la nouvelle année…

1.

Une fête aux racines romaines

Si on fête la nouvelle année un 1er janvier, c’est grâce à Jules César. L’empereur romain est en effet le premier à fixer le début de l’année ce jour précis, consacré dans la culture romaine à Janus, le dieu du renouveau. Si c’est la date du 25 décembre qui est plus tard choisie par Charlemagn­e pour débuter l’année calendaire, c’est la tradition celtique qui va perdurer des centaines d’années en Europe, en plaçant la nouvelle année au printemps, autour de la fête de Pâques.

Il faudra attendre 1564 et le roi Charles IX pour que l’année débute de nouveau le 1er janvier. Une décision purement administra­tive pour se conformer au calendrier grégorien, calqué sur le mouvement des planètes ! Pas de fêtes pour l’occasion à l’époque.

2.

Un Nouvel an qui varie selon les traditions

Encore aujourd’hui, selon les cultures, on ne fête pas le Nouvel an à la

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même date. Ainsi, le Nouvel an chinois, basé sur un calendrier soli-lunaire, n’a pas de date fixe : il varie entre le 21 janvier et le 20 février. En 2024, il est programmé le 10 février.

Dans la religion juive, la fête de Roch Hachana marque la nouvelle année civile du calendrier hébraïque. La date correspond au 1er Tichri, c’est-à- dire le premier jour du septième mois. Elle sera célébrée début octobre en 2024.

Chez les musulmans, le Nouvel an marque un événement important de leur histoire : l’Hégire. Il s’agit de la commémorat­ion du départ de Mahomet, en 622, de La Mecque vers Médine. Là encore, la date varie et est déterminée en fonction de calculs astronomiq­ues. Le prochain aura lieu en juillet 2024.

Un dîner frugal à l’origine

Qui dit réveillon, dit repas d’excep

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MICHEL, O.-F.

tion. Pendant longtemps, le réveillon du Nouvel an n’était pas célébré, les festivités se déroulaien­t à Noël. Et le menu doit beaucoup, encore aujourd’hui, à la fête chrétienne.

À l’origine, le dictionnai­re définit ce mot comme « un petit repas fait la nuit en compagnie ». Avant la célébratio­n religieuse de la messe de minuit et les festivités, « il faut se recueillir, comme le Carême avant Pâques », explique l’historien Bruno Laurioux.

Il y avait donc le repas maigre avant la messe, avec des aliments considérés comme tels : poisson, fruits de mer et viande blanche. Et après la messe, passé minuit, on pouvait consommer de la viande et passer au « jour gras ». Ces coutumes ont laissé des traces, c’est en partie pourquoi huîtres, dinde et foie gras sont généraleme­nt au menu le soir du 31 décembre.

Les étrennes, gage de remercieme­nts

Moins répandues en France que dans les années 2000, les étrennes n’en sont pas moins ancrées dans la tradition. Ces cadeaux – généraleme­nt de l’argent – étaient offerts en bon présage pour l’année à venir mais aussi pour remercier le personnel du quotidien de leurs services. Les bénéficiai­res, souvent les agents d’entretien ou les gardiens d’immeubles, pouvaient alors recevoir jusqu’à 10 % du prix du loyer. Aujourd’hui, le montant moyen des offrandes atteint plutôt 25 à 70 €.

5.

La tradition des cartes de voeux

Le lendemain du Nouvel an, il est

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d’usage de présenter ses voeux à ses proches pour leur porter bonheur. La coutume d’envoyer une carte nous vient d’un Anglais, Sir Henry Cole, inventeur de la carte de Noël et de nouvelle année en 1843. L’invention du timbre-poste trois ans auparavant et la standardis­ation de l’imprimerie ont rapidement développé cette pratique dans toute l’Europe.

En France, cet usage s’appuie sur une tradition plus ancienne : dans les quinze jours suivant le Nouvel an, il était de coutume de rendre visite à ses proches mais aussi à des pauvres ou des malades de la commune. Pour y échapper sans paraître désobligea­nt, l’usage acceptait alors qu’on laisse au concierge une carte de visite en guise de preuve de son passage, sur laquelle on écrivait une formule de voeux. La carte envoyée par la poste a pris ainsi le relais… Jusqu’à l’invention du SMS et du courriel !

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| PHOTO : GETTY IMAGES Au menu du réveillon, on trouve généraleme­nt des fruits de mer, du foie gras ou encore de la viande…
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| PHOTO : NATIONAL LIBRARY OF THE NETHERLAND­S Saint-Sylvestre est célébré le 31 décembre.
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| PHOTO : VINCENT Un défilé dans les rues de Rennes, pour célébrer le Nouvel an chinois.
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| PHOTO : JOËL LE GALL, O.-F. Les cartes de voeux sont le fruit d’une tradition ancienne.

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