Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Christophe Beaugrand : « Les bêtisiers font du bien »
Le journaliste présente le bêtisier du réveillon sur TF1 et sera chroniqueur dans le JT du matin que lance la chaîne le 8 janvier. Il est très engagé contre le harcèlement et l’homophobie.
Que faites-vous, le soir du 31 décembre ?
Je fête le Nouvel An sur TF1 avec les téléspectateurs, avec Karine Ferri, avec nos invités, et on va bien se marrer. Bon, en vrai, je serai un peu en vacances au soleil, au Costa Rica, mais faut pas le dire…
L’émission – un bêtisier – est enregistrée ?
Oui, on l’a enregistrée début décembre. Ce n’est pas en direct parce qu’on a beaucoup d’invités et ce n’est pas facile de tous les réunir, même un mois avant les fêtes. La fin d’année est la période la plus chargée pour les artistes.
Qui est devant son poste, le 31 ? Mine de rien, les bêtisiers, ce sont des soirées qui font d’assez grosses audiences. On s’y amuse, ça fait du bien. Moi, gamin, j’adorais les bêtisiers.
Vous regardiez beaucoup la télé, enfant ?
J’étais très télévore, et je le suis toujours. Je suis fan de Plus belle la vie, j’adore Koh- Lanta et L’amour est le pré, je regarde Quotidien quasiment tous les soirs, je zappe sur C à vous… Je ne suis pas arrivé là par hasard ! J’ai toujours eu envie de défendre cette télé populaire.
Vous faites des émissions de divertissement, de la téléréalité. Vous êtes aussi journaliste. C’est compatible ?
Quand on fait les choses avec sincérité, je pense que oui. J’ai eu la chance qu’on ne me demande jamais de me couper un bras, de choisir entre divertissement et journalisme. Après, il y a quand même des limites. J’ai arrêté La bataille des couples (en 2020) parce que c’était un truc de téléréalité un peu trash, pas compatible avec l’émission d’information que je présente comme journaliste sur LCI.
À partir du 8 janvier, vous serez chroniqueur dans la nouvelle matinale d’information de TF1...
Oui, Bonjour ! Elle s’appelle comme ça. Je suis très impatient. J’y ferai des billets d’humeur pour expliquer l’actualité de manière un peu décalée.
Vous participez à la campagne du gouvernement contre le harcèlement, pourquoi ?
Je soutiens l’association Hugo ! qui lutte contre le harcèlement scolaire et j’essaye de sensibiliser à cette cause en intervenant dans des collèges ou des lycées. Les services de Gabriel Attal (ministre de l’Éducation) et du gouvernement m’ont proposé de revenir dans le collège de VillebonSur-Yvette (Essonne) où j’ai été élève et victime de harcèlement.
Le harcèlement est-il mieux pris en compte ?
Il y a encore du boulot, hein ! Ce qui change, c’est que les gamins commencent à savoir qu’il faut en parler aux adultes. Et les adultes sont de plus en plus formés à écouter cette parole de souffrance et à les accompagner.
Est-ce que cela doit passer par l’école ?
Il y a une prise de conscience que c’est l’affaire de la société, et c’est le rôle de l’école de faire le travail de prévention et d’accompagnement. On demande beaucoup à l’Éducation nationale, mais ce travail est essentiel pour que nos jeunes adolescents deviennent des citoyens épanouis, responsables.
Vous-même, au collège, aviez-vous pu être écouté ?
C’était un harcèlement homophobe, donc c’était encore plus difficile d’en parler. Loin de moi l’idée d’aller en parler à mes parents à 13, 14 ans. Je n’avais même pas encore mis de mots sur mon homosexualité. Mais des gamins m’avaient identifié comme tel.
Ce harcèlement a-t-il impacté votre parcours ?
Je pense que les moqueries m’ont encore plus motivé à réaliser mes rêves de faire un métier public. Mais pour certains, le harcèlement est destructeur. Ça dépend du caractère, de l’entourage familial. Les enfants sont cruels. J’essaie de faire attention pour Valentin, mon fils.
Pourquoi êtes-vous si présent sur les réseaux sociaux ?
Pour moi, ça fait partie du taf’. Évidemment, dans les réactions que je reçois, il y a à boire et à manger, avec des messages extraordinairement violents, mais aussi beaucoup de messages très positifs.
Pourquoi des messages si agressifs ?
Parce que je parle de ma famille, de notre petit garçon, et que je m’engage contre l’homophobie. Je soutiens SOS homophobie et la fondation Le Refuge, qui recueille les gamins homosexuels virés de chez eux par leurs parents.
Vous communiquez beaucoup sur votre vie privée…
L’idée est de normaliser – entre guillemets – notre famille homoparentale pour montrer qu’on est comme les autres. C’est extrêmement important d’inspirer la société, non pas avec un discours moralisateur, mais avec des images positives, dans lesquelles les gens peuvent se reconnaître.
L’homophobie est-elle souvent
facteur de harcèlement ?
La toute première cause de suicide chez les adolescents, c’est l’homophobie. L’homosexualité mal vécue et mal acceptée, est souvent perçue comme un drame dans les familles. Moi, j’essaye de mettre du lien. Quand on s’est mariés, en 2018, on a décidé avec mon mari de montrer la cérémonie dans Gala. On a été le premier couple homo à le faire. Ça avait un peu choqué à l’époque. Pour moi, cette visibilité est quelque chose d’assez évident. J’espère que cela fait bouger les mentalités.
Muriel Robin affirme que dans le cinéma, les homosexuels ne le disent pas, parce que sinon, ils ne travaillent plus…
C’est une réalité. J’ai interviewé énormément d’acteurs et d’artistes pour l’émission 50 minutes Inside. Ceux qui sont homosexuels me disaient : « Pas de questions personnelles, je ne dois pas parler de moi. » Pourtant, le milieu du cinéma n’est pas homophobe. Mais les producteurs imaginent que le public l’est.
Est-ce plus ouvert dans les médias ?
Pour moi, c’est un combat, donc je parle de mon homosexualité. Et puis, c’est une démarche de sincérité envers le public. Si on invente un personnage pour essayer de plaire, ça ne fonctionne pas. Il suffit de regarder Laurent Ruquier et Stéphane Bern, des animateurs très populaires. Ils ont fait leur coming out, et ça ne dérange personne.
Grand bêtisier du 31, TF1, 21 h 10. Le Refuge : 06 31 59 69 50.
SOS homophobie : 01 48 06 42 41 (écoute anonyme).