Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Trésor du breton écrit

Après le réveillon, es” restachoù” suscitent bien des convoitise­s, mais le mot Rest a bien d’autres significat­ions.

- Bernez ROUZ.

Emprunté au français reste, le breton en a fait restad et au pluriel restadoù ou restachoù. Dans les noces d’antan, le premier jour était réservé aux invités, le second jour à la famille élargie, le troisième jour aux voisins, Goude-se ar re baour teue da glask ar restachoù (ensuite les pauvres venaient cherchers les restants). Mais ne croyez pas qu’il ne restait plus rien : Restachoù mat zo mat da gaout dit le dicton (De bons restes sont bons à prendre). Il y avait les, restachoù yod-kerc’h fritet (Restant de bouillie d’avoine frite) , restad kig bevin bervet ( restes de viande de boeuf bouillie), restad bara sec’h ( restes de pain sec). De même pour les liquides : restad boutailh (les fonds de bouteilles), ur restad Champagn ( un reste de Champagne). Les adeptes de la poésie trouveront un écho dans ce poème : Un dristidige­zh skañv en em vesk gant restad va mezventez (Une tristesse légère se mêle à mon retour d’ivresse) on peut lire aussi : Ur restad strafuilh chomet skoachet e don ec’h ene ( Un léger trouble caché au fond de son âme).

Les archéologu­es l’utilisent souvent : restad ur c’hamp roman (les ruines d’un camp romain), restad diwezhañ ar vur (le dernier restant du mur), restadoù savadurioù evel azeulva Meurzh (Les ruines de batiments comme le temple de Mars). Le mot rest est très fréquent en toponymie. Les linguistes se partagent entre deux clans : les uns y voient un emprunt au germanique resti avec la significat­ion lieu de repos. Le nom de lieu Rest désignerai­t donc une résidence secondaire pour les nobles, un petit manoir. Le vieux français reste désignait une place non cultivée dans un jardin, une zone de repos pour la végétation.

Cette explicatio­n est contestée car le nom de lieu rest ne se trouve qu’en Bretagne bretonnant­e. Il désignait un essart de landes c’est-à- dire un espace défriché parmi les landes qui étaient très nombreuses en Bretagne. Ce nom de lieu mais aussi de famille apparaît au XIIIe siècle avec la période des grands défricheme­nts.

Beaucoup de richesses donc pour un seul mot. Il est plaisant de terminer cette chronique par la traduction de la locution franco- latine et cætera trouvée dans un dictionnai­re de 1744 : Hag ar rest…

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