Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La montée en puissance de l’industrie
À partir de la seconde moitié du XXe siècle, la fabrication des produits alimentaires s’industrialise. Le temps passé à cuisiner ne cesse de se réduire.
La Révolution industrielle du XIXe siècle a fortement accéléré l’exode rural. Dans l’environnement urbain, les conditions et les rythmes de vie sont différents. Les familles paysannes devenues citadines ne consomment plus ce qu’elles ont elles-mêmes produit. Les longues heures de travail au bureau ou à l’usine, auxquelles s’ajoute la durée des transports, réduisent le temps disponible pour les achats alimentaires et la cuisine. La montée en puissance de l’industrie alimentaire favorise l’apparition de nouveaux produits dont la promesse est simple : faire gagner à la ménagère le maximum de temps sur la préparation de ses repas, tout en lui proposant des aliments « modernes » à des prix accessibles.
Bouillons de viande et soupes deshydratées
Un chimiste allemand, le baron Justus von Liebig, est un des pionniers de la fabrication de nourritures industrielles : dès 1850, il met au point les premiers bouillons de viande concentrés préparés à partir de viandes importées d’Argentine. En 1869, Napoléon III lance un concours pour fournir à la marine française « un produit gras comestible se conservant plus longtemps que le beurre ». Un chimiste, Hippolyte Mège-Mouriès, remporte le prix en créant un similibeurre, initialement à base de graisse de boeuf : il vient d’inventer la margarine, le premier substitut industriel moins cher que son équivalent traditionnel. En 1873, apparaissent les premières soupes déshydratées fabriquées par l’allemand Carl Heinrich Knorr. Le Suisse Julius Maggi invente en 1883 un potage « minute » à base de farines de légumes secs. En 1908, il est à l’origine d’une autre innovation : le bouillon cube ou Kub. En 1920, le Viandox est lancé sur le marché français.
Petit-Beurre, Choco-BN...
La Confiserie Franco-Russe propose des entremets rapides à préparer (le nom de l’entreprise vise à surfer sur la « russophilie » des consommateurs séduits par l’alliance récente entre la France et le Tsar). Les années 1900 voient également la naissance du pâté Hénaff et des conserves de la société William Saurin, fondée en 1907. La société LU (Lefèvre- Utile) est créée en 1886. Elle fabrique les « petits-beurre ». Ces biscuits ont été imaginés quarante ans plus tôt à Nantes par le pâtissier Romain Lefèvre et son épouse (dont le nom de jeune fille est Utile). Dans cette même ville, est créée la Biscuiterie Nantaise (1896) : ses célèbres Choco-BN sont vendus à partir de 1933.
Vers 1850, un employé de nationalité suisse travaillant dans une fromagerie normande invente le… petitsuisse. Pour le produire en grandes quantités, Charles Gervais décide de créer une fromagerie artisanale portant son nom. Les premières usines de fabrication industrielle de fromage naissent dans l’est, à l’aube du XIXe siècle. C’est le cas, par exemple, de la petite usine jurassienne de Léon Bel qui, à partir de 1921, fabrique un fromage fondu en portions commercialisé sous le nom de marque La Vache qui Rit.
Danone modernise le yaourt
Au nombre des aliments prêts à manger conçus par l’industrie alimentaire naissante, les yaourts occupent une place de premier plan. Leurs atouts santé ont été mis en évidence par un bactériologiste d’origine ukrainienne, le professeur Metchnikoff, travaillant à l’Institut Pasteur de Paris. Sur la base des travaux de ce scientifique, Isaac Carasso, un médecin barcelonais décide, en 1919, de développer la fabrication industrielle des yaourts. L’entreprise qu’il crée porte le nom de Danone, en référence à Danon, le diminutif catalan de Daniel, le prénom de son fils.