Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

L’Anjou bleu, châteaux et menhirs mystérieux

Légendes et fantômes de l’Ouest. Ce territoire tient son nom de la couleur de ses ardoises et de ses rivières. Depuis des siècles, de nombreux mystères l’entourent.

- La fontaine de Saint-Hélier

Dans le nord- ouest du Maine- et-Loire, l’Anjou bleu abrite nombre de lieux étranges. Parmi eux, les dolmens et autres monuments mégalithiq­ues figurent en bonne place.

Ainsi, entre les communes d’Armaillé et Saint- Michel- et- Chanveaux, la légende raconte que la pierre dite Frite, un menhir de schiste de plus de 5 m de hauteur, posséderai­t des pouvoirs. S’y frotter permettrai­t notamment de regagner tonus et dynamisme.

À quelques kilomètres, sur la route de Vern (Erdre- en-Anjou), un autre édifice rocheux – la pierre de la Coqueluche – était, quant à lui, réputé pour guérir les enfants de cette maladie autrefois mortelle. Plus loin, la Maison des fées, un dolmen composé de cinq pierres situé sur la route de Saint- Denis- d’Anjou, aurait été édifiée par ces créatures mythologiq­ues, d’où son nom. Elle reste, encore aujourd’hui, un lieu sacré pour les habitants du voisinage.

Enfin, c’est le tronc mort d’un vieux hêtre, situé à La Prévière – nouvelleme­nt commune de l’Ombrée d’Anjou –, qui attirait autrefois les foules. Il possédait en effet une particular­ité étonnante. Durant l’hiver, alors que tous les autres arbres perdaient leur parure, il gardait toujours une branche verte. Il devint bientôt un lieu de pèlerinage où se pressaient les personnes atteintes de fièvre quarte, dans l’espoir d’y guérir.

Dans la commune de Challain-laPotherie, on peut encore observer une fontaine de tuffeau (roche poreuse) édifiée au cours de l’année 1865. Elle abrite, au coeur d’une niche, une statuette de Saint- Hélier.

La légende raconte que le pays d’Anjou souffrait, cette année- là, d’une terrible sécheresse, au point qu’une femme venue à cet endroit remplir sa cruche n’y trouva qu’une

mare desséchée. À cet instant, passa un homme à cheval qui lui demanda ce qu’elle cherchait. « De l’eau », répondit- elle, la mine triste et fatiguée. Elle ajouta : « Mais il n’y en a plus nulle part, toutes les sources sont taries. » Sans descendre de sa monture, le cavalier se pencha vers elle avec un bon sourire et dit : « Venez donc avec moi à la fontaine, vous serez satisfaite. »

La femme monta en croupe. Parvenu au lieu- dit, l’homme s’arrêta. Son cheval frappa du sabot la margelle. Une source en jaillit qui, depuis, ne s’est jamais tarie. Saisie par ce miracle, la femme s’agenouilla et s’enquit : « Qui donc êtes-vous seigneur, qui nous sauvez en prodiguant vos bienfaits ? » Le cavalier, avant de disparaîtr­e, lança, laconique : « Mon nom est Saint- Hélier. »

La Dame de Raguin

Délicieux petit château Renaissanc­e, Raguin est surtout connu pour être le berceau de la famille du Bellay. Mais un drame est venu troubler la vie à l’intérieur des tourelles. Les habitants du village voisin de Chazé- surArgos soutiennen­t encore aujourd’hui, que, par les nuits de pleine lune, le fantôme de la Dame de Raguin se promène sur le chemin de ronde, enveloppée d’un ample manteau rouge. Femme du comte qui vivait en ces lieux, elle semble n’avoir pas pris une ride en traversant les siècles.

À cette époque – probableme­nt au début de la Renaissanc­e – le sei

gneur de Raguin était un quasivieil­lard incommode, qui vivait dans la hantise d’être trompé. Or, ce personnage avare et peu attirant avait épousé, sur le tard, une jeune femme d’une beauté rare.

Comme il était fort vaniteux, lorsqu’il apprit qu’un de ses voisins avait fait venir d’Italie un artiste pour peindre le portrait de son épouse, il décida d’en faire autant. Nul ne pouvait, selon lui, surpasser en splendeur sa compagne. Il engagea donc le même peintre italien afin qu’il fixe sur la toile les traits harmonieux de la comtesse.

Mais, à peine le jeune homme eut-il posé les yeux sur son modèle qu’il en tomba amoureux. Elle-même ne resta pas longtemps insensible au charme de l’artiste, dont la douceur et la séduction lui faisaient apparaître son vieux mari encore plus laid et désagréabl­e. Celui- ci, jaloux et suspicieux, tendit un piège aux deux amants.

Il les surprit en pleine intimité lors d’une séance de pose dans la chambre des amours. Fou de rage, il tua les deux malheureux de son épée. Depuis cette tragédie, l’esprit de la Dame assassinée hante la demeure. Des témoins l’ont ainsi vu errer sur le chemin de ronde, mais on dit aussi que, parfois, son ombre blanche glisse dans les couloirs du château.

Le refuge des prêtres

Une autre oeuvre d’art devait plus tard être cause d’un événement étonnant. La fameuse chambre des amours dissimulai­t une cachette qu’utilisait le curé de la paroisse pour fuir la fureur des révolution­naires.

Un soir qu’il s’y était dissimulé avec trois autres prêtres, un fantôme apparut, drapé dans un suaire et le teint blafard ! Nul n’osa briser le silence qui s’établit jusqu’à ce que le recteur enfin ose s’adresser au spectre. « Que veux-tu ? » La voix sépulcrale de l’esprit répondit : « Autrefois, j’ai laissé dans ce château un tableau diabolique, qui a perdu plusieurs âmes. Après ma mort, Dieu me condamna à séjourner dans le purgatoire jusqu’au jour où cette toile serait anéantie. Allez donc dans l’endroit que je vous indiquerai, vous y trouverez la cause de mes souffrance­s. Détruisez ce tableau et vous me délivrerez du purgatoire. »

Le prêtre se rendit à l’endroit désigné. Il y trouva la toile qu’il brûla. Depuis, nul n’a revu le fantôme…

 ?? PHOTO ARCHIVES PHILIPPE CHÉREL, O.-F. ?? Le château de Raguin est, dit-on, hanté par l’esprit de la Dame assassinée pour son époux jaloux.
PHOTO ARCHIVES PHILIPPE CHÉREL, O.-F. Le château de Raguin est, dit-on, hanté par l’esprit de la Dame assassinée pour son époux jaloux.
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| PHOTO : PORTRAIT DE DAME PAR RAPHAËL La malheureus­e Dame de Raguin.

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