Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Plongée dans l’intime en quatre disques

Chacun à sa manière, Eddy de Pretto, Ycare, Charles-Baptiste et Fabien Martin viennent de sortir quatre albums dont ils sont allés chercher l’inspiratio­n dans leur intimité.

- Michel TROADEC.

Eddy de Pretto : Crash coeur

Il ose tout Eddy de Pretto, même une pochette aux couleurs criardes où, en gros plan, le visage extatique, il savoure une sucette cerise en forme de coeur… Le coeur ? C’est le thème de ce troisième album, après avoir consacré le précédent à son parcours, ses souvenirs, ses rêves. Des amours qui se démarquent de celles parfois très mièvres de bien des chansons, même s’il ne renie pas « un peu de love et de tendresse/finalement c’est c’qu’il nous reste/que de l’amour, que de beaux gestes/pour essuyer le temps qui blesse… » Eddy de Pretto raconte des relations souvent frontales, parfois basées sur l’argent (pApA $ucre), l’amour charnel et ses fluides (Eau de vie, en duo avec Juliette Armanet), ses héros homos qui l’ont aidé à grandir… Tout cela sur des sons R’n’B, avec une écriture moins recherchée, plus automatiqu­e, comme une nouvelle facette.

Ycare : Nos futurs

2023 a été une année de duos, avec les albums de Florent Pagny, Vianney, Daniel Darc (posthume), Gaëtan Roussel… Ycare, lui, y prend goût puisque, après Des millions d’années, il y a un peu plus d’un an, où il avait invité notamment Zaz et Axelle Red, il convie, cette fois, Adamo, Patrick Bruel, Anne Sila, Mentissa, Slimane, Garou… Amour, quotidien, souvenirs, espoir… Il y a une jolie sensibilit­é chez cet auteur- compositeu­r qui s’offre un

dialogue imaginaire avec son père ou raconte une inattendue rencontre avec une ex.

Charles-Baptiste : Grand enfant

L’incommunic­abilité père-fils, ne pas laisser tomber quelqu’un qui ne va pas bien, la relation frère- soeur, l’amour… Dans ses chansons, sur des mélodies fines, à grand renfort de cordes, Charles- Baptiste explore le quotidien avec, mine de rien, en filigrane, toujours une pointe d’inquiétude… Il l’explique, chacun de ses disques – c’est le troisième – est comme un adieu à une obsession. Ici, la question du lien. On a un petit faible pour Si on changeait, qui clôt le disque, avec le rafraîchis­sant collectif Star Feminine Band…

Fabien Martin : Je ne fais que marcher dans la montagne

Fabien Martin parle, retrace ses pensées, raconte des anecdotes et ça fait l’intro – brute – de son nouvel album, le quatrième en vingt ans, pour lequel il a choisi d’éluder « les jolies phrases et les belles idées », d’arrêter de « s’inventer une réalité dans laquelle on pourrait s’échapper ». Cela donne des questions telles : « Si je ne prends soin de moi, qui d’autre le fera ?/Si je ne sais où aller, qui pour m’épauler ?/ Et si toujours je me fuis, comment devenir qui je suis ? » Beaucoup d’interrogat­ions, adoucies par des mélodies pop accrocheus­es. Enthousias­mant parfois, avec des invités comme Jil Caplan ou Ours ; plombant d’autres fois, avec l’étrange récitation d’un diagnostic médical… mais incontesta­blement sincère. Joyeux et douloureux comme la vie ?

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| PHOTO : DR Eddy de Pretto.
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| PHOTO : DR Charles-Baptiste.
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| PHOTO : DR Ycare.
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| PHOTO : DR Fabien Martin.

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