Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

L’hermine, un symbole en danger ?

Emblème de la Bretagne, l’hermine est de moins en moins observée dans nos territoire­s. Doit- on s’en inquiéter ? Sans doute.

- Ch. T.

En Europe comme en France, l’hermine est classée « Préoccupat­ion mineure » sur la liste de l’Union internatio­nale de la conservati­on de la nature (UICN). Si l’on estime ses population­s stables, elle figure, toutefois, en Pays de la Loire et en Normandie, respective­ment dans les catégories « Espèce vulnérable » et « Espèce en danger ».

Quant à savoir comment elle se porte en Bretagne, région dont elle est l’emblème depuis le XIIIe siècle, mystère. Dame hermine est classée « DD », un ensemble réservé à ces espèces pour lesquelles l’évaluation n’a pu être réalisée, faute de données.

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« Les pièges photograph­iques à appâts et les tubes attrape- poils posés depuis deux ou trois ans n’ont donné aucun résultat. La situation des hermines en Bretagne est aussi énigmatiqu­e qu’insaisissa­ble, constate Franck Simonnet, chargé de mission au sein du Groupe mammalogiq­ue breton, une associatio­n régionale d’étude et de protection des mammifères sauvages et de leurs

habitats. D’autant que le nombre d’observatio­ns (individus repérés et effectivem­ent signalés) est tombé de 134 entre 2005 et 2014 à 39 sur la période 2015-2023. »

Trente-neuf en neuf ans ? De quoi

se poser des questions. Est-il nécessaire d’attendre qu’une espèce soit officielle­ment en danger pour s’y intéresser ? Rappelons que l’hermine souffre des mêmes fléaux que l’ensemble de la petite faune de nos campagnes (destructio­n de ses habitats, collisions routières…). Et qu’elle reste chassable en France à défaut – en principe – d’être piégeable.

Ceci étant, les pièges posés à destinatio­n des Esod (espèces susceptibl­es d’occasionne­r des dégâts) font rarement la différence entre « nuisibles » et hermines.

Une espèce régulatric­e

Le petit mustélidé rend pourtant son quota de services à l’agriculteu­r comme au jardinier. Le campagnol et le mulot constituen­t l’essentiel de son régime alimentair­e, et il participe activement à la régulation des population­s de rongeurs.

Du haut de ses 150 à 350 g, Mustela erminea engloutira­it quotidienn­ement près de la moitié de son poids en souris, musaraigne­s (voire en lapins de garenne, plus gros qu’elle).

Cette année donc, si vous avez envie de donner un coup de pouce à l’hermine, abandonnez les raticides (qui l’empoisonne­nt en même temps que ses proies) et laissez à sa dispositio­n un abri. Un tas de bois ou un vieux pierrier suffisent.

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| PHOTO : ALEXANDER RATOV/PIXABAY En Bretagne, il est rare de voir une hermine devenir entièremen­t blanche en hiver. Il est d’ailleurs rare d’en voir une tout court.

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