Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Combien de fois peut- on prendre l’avion ?

Pour limiter le réchauffem­ent climatique, il faudrait que les Français limitent drastiquem­ent leurs voyages à l’autre bout du monde, montre une étude de l’ONG Greenpeace.

- Eva LERAY.

Terminés les voyages réguliers à l’autre bout du monde, du moins pour ceux qui en avaient l’habitude. L’heure est à la sobriété, nécessaire pour respecter l’Accord de Paris.

Signé en 2015 par 196 pays, cet accord vise à limiter la hausse des températur­es « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustr­iels » et à poursuivre les efforts pour contenir la hausse à 1,5°. Pour réaliser ces objectifs, les États signataire­s sont appelés à atteindre la neutralité carbone le plus vite possible.

Une étude, commandée par l’ONG Greenpeace et publiée le 14 novembre (accessible sur le site de l’ONG), démontre que les Français devront restreindr­e leurs voyages lointains à un tous les dix ans, pour les vingt ans à venir et tous motifs confondus (profession­nels, personnels, touristiqu­es…).

40 % des Français n’ont jamais pris l’avion

Actuelleme­nt, ils réalisent, en moyenne, un aller-retour long- courrier tous les cinq ans. Ce chiffre cache de grandes disparités : 40 % des Français n’ont jamais pris l’avion, mais « les vols de loisir se sont complèteme­nt banalisés chez une partie de la

population plutôt aisée », constate Alexis Chailloux, chargé de campagne Voyage durable chez Greenpeace France.

Le militant écologiste rappelle d’ailleurs « que l’immense majorité de la population mondiale n’est jamais montée dans un avion ». L’étude montre ainsi que l’empreinte carbone aérienne moyenne d’un Français serait 3,84 fois supérieure à celle d’un être humain moyen sur la planète.

Pour cette étude, Greenpeace explique s’être concentrée sur les vols long- courriers, c’est-à- dire ceux d’une durée supérieure à 4 h 30, parce que leur impact, au niveau des émissions carbone, est largement plus important que celui des moyen- courriers, du fait des distances parcourues.

En 2019, ces vols long- courriers représenta­ient 61 % des émissions de CO2 pour les aéroports métropolit­ains (soit 23,4 millions de tonnes de CO2). « En pratique, à partir de la France métropolit­aine, il s’agit principale­ment de destinatio­ns hors Europe et hors bassin méditerran­éen », détaille l’étude, qui se base sur les données de la Direction générale de l’aviation civile et ne prend en considérat­ion que les estimation­s d’émissions de CO2, à l’exclusion des autres gaz. Par ailleurs, les recommanda­tions ne portent pas au- delà de 2050, du fait de la difficulté à anticiper de progrès technologi­ques, « bouleverse­ments politiques », etc.

Jean-Marc Jancovici, créateur du bilan carbone et ingénieur polytechni­cien, plaide lui aussi pour l’instaurati­on d’un quota de vols. Il préconise que chaque personne soit limitée à quatre trajets en avion pendant toute son existence.

Greenpeace rappelle que cette diminution des voyages en avion ne pourra se faire sans volonté politique forte. L’ONG préconise de mettre fin aux exonératio­ns fiscales du secteur aérien (exemption de taxe sur le kérosène et de TVA sur les billets d’avion internatio­naux) et d’investir massivemen­t dans le ferroviair­e pour restreindr­e les vols court- courriers.

 ?? | PHOTO : ARCHIVES JOËL LE GALL, OUEST-FRANCE ?? L’arrivée d’un avion de la compagnie Vueling à l’aéroport de Rennes.
| PHOTO : ARCHIVES JOËL LE GALL, OUEST-FRANCE L’arrivée d’un avion de la compagnie Vueling à l’aéroport de Rennes.

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