Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Parkinson : à 64 ans, il relève des défis sportifs

Voilà onze ans que Pierrick Nicolas est atteint de la maladie de Parkinson. Malgré un lourd traitement médicament­eux, ce retraité a relevé plusieurs défis sportifs, grâce au soutien d’amis.

- Pauline BOURDET.

Lorsqu’il ressent les premiers symptômes de la maladie de Parkinson, un jour de juillet 2012, Pierrick Nicolas est âgé de seulement 52 ans. « Ce jour-là, j’étais seul à la ferme et un de mes bras a cessé de fonctionne­r… », se souvient cet ancien éleveur de poulets, à Plussulien.

Le diagnostic de son médecin le frappe de plein fouet. « J’étais KO debout », confie le retraité, qui reconnaît avoir eu besoin « d’un certain temps pour digérer ». « Puis, je me suis dit : Il faut y aller, même avec ça sur le porte-bagages ! »

« Continuer d’avancer »

Il faut dire que l’homme n’est pas du genre à se laisser abattre. Hyperactif, il a longtemps cumulé les fonctions dans le milieu associatif du pays de Corlay et au sein de sa commune : adjoint au maire de Plussulien, de 2008 à 2020 (« comme ma mère, adjointe pendant trente- sept ans ! ») , il est aujourd’hui président d’honneur du club de football, membre du bureau de la société de chasse et de l’associatio­n Chemins de l’archéologi­e de Quelfenec.

Onze ans après cette annonce brutale, Pierrick Nicolas a appris à vivre avec la maladie, stabilisée depuis quelques années. « Mais je sais bien que ça ne va pas aller en s’améliorant », confie celui qui prend quotidienn­ement « dix cachets, un toutes les trois heures » : « C’est un combat permanent, mais il faut continuer d’avancer. »

À la chasse, la pêche ou aux champignon­s, cet amoureux de la nature se force à parcourir chaque jour plusieurs kilomètres à pied, en compagnie de ses chiens, parfois juste « pour le plaisir de regarder les canards ».

« Je deviens poète en vieillissa­nt », commente, en riant, ce redoutable chasseur de bécasses, qui entretient, depuis cinquante ans, une grande amitié avec un groupe de chasseurs des Pyrénées qui l’accueillen­t, chaque été, dans la vallée de Saint-LarySoulan.

Au fil des décennies, Pierrick a fini par transmettr­e son amour des Pyrénées à quelques Bretons. Depuis cinq ans, quelques habitants de Corlay le suivent pour participer au Grand raid des Pyrénées (GRP).

Là-bas, Pierrick est connu comme le loup blanc. Surnommé le « danseur fou » par les organisate­urs de la course, il ambiance à lui seul la ligne d’arrivée, armé de son indispensa­ble Gwen ha du.

Une ascension de 3 091 mètres

À l’été 2023, le retraité de 64 ans a eu envie de se lancer un défi : monter le pic des Néouvielle, haut de 3 091 mètres. Un parcours technique et compliqué, avec névés et blocs de roches, qu’il parvient à gravir grâce au soutien de son groupe d’amis bretons et pyrénéens, baptisé pour l’occasion la team Breizh Néouvielle.

Un ami devant, un autre derrière

pour sécuriser son ascension de cinq heures. « Physiqueme­nt, c’était dur, mais moralement, ça m’a boosté ! »

Regonflé à bloc, le retraité a récidivé lors de la Corrida de Loudéac, samedi 18 novembre, sur un parcours de course à pied de 10 km, à travers le centre-ville.

Porté par le public et encouragé par sa team, il boucle le circuit en 1 heure 06. Déguisé, le « danseur fou » a même pris le temps de faire honneur à son surnom, en effectuant quelques pas de danses avec la fanfare

de Loudéac, juste avant la ligne d’arrivée.

« Tout ça me donne la force de m’accrocher. Même si ce n’est pas facile tous les jours, il faut garder le moral. Et quand on est bien entouré, ça aide énormément ! »

Pierrick se projette désormais sur un nouveau défi : gravir le pic de Thou, toujours dans les Pyrénées et espère pouvoir encore en relever beaucoup d’autres, tant que son corps l’acceptera.

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| PHOTO : DENIS LE BOUILL Pierrick Nicolas, tenant le drapeau breton, avec ses amis Pyrénéens, au sommet du col de Néouvielle, à 3 000 m d'altitude, le 14 juillet.

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